Tout le monde semble d’accord sur le fait que la 3G sera à l’origine d’une grande dynamique qui aura pour effet de développer de façon durable plusieurs segments du marché des nouvelles technologies, en Algérie. Une dynamique qui sera, les observateurs sont catégoriques sur ce point, un véritable catalyseur pour l’économie nationale dans sa globalité.
Les appréhensions par rapport à d’éventuels obstacles sont bien là, mais l’optimisme des acteurs des TIC semble l’emporter. Sur le plan pratique, les choses ont déjà commencé à bouger avant même l’ouverture officielle du marché algérien sur cette nouvelle technologie. Sur le plan international, les regards se sont tournés vers le marché algérien qui devient encore plus intéressant qu’il ne l’était il y a seulement quelques mois. Localement, nous prenons également la mesure des nouvelles possibilités offertes par la technologie 3G. Une concurrence prend déjà forme et s’installe à plusieurs niveaux et dans différents secteurs d’activité. Les équipementiers internationaux se préparent à proposer les machines les plus performantes et les plus adaptées aux nouveaux besoins du marché algérien. L’Algérie sera vraisemblablement pour eux l’un des marchés les plus intéressants du moment.
De leur côté, les opérateurs de téléphonie mobile se penchent sérieusement sur la question des services de la 3G tentant chacun d’imaginer les meilleurs services possibles aux prix les plus raisonnables. Tout porte à croire, d’ailleurs, que durant les premiers mois suivant l’obtention des licences 3G par les opérateurs, les efforts des opérateurs seront essentiellement axés sur ces services. Les développeurs de contenu eux se livreront également une farouche bataille pour vendre leurs applications. L’on s’attend, dans ce contexte, à ce que de nouvelles entreprises spécialisées dans le domaine du développement de contenu pour la 3G soient créées dans un avenir très proche. Certaines d’entre elles pourraient même s’associer à un opérateur de téléphonie mobile dans le cadre de partenariats liés aux services à proposer aux abonnés. Le secteur du logiciel, au ralenti depuis trop longtemps, recevra un véritable coup de fouet grâce à la 3G.
Les smartphones en vogue
D’autre part, le phénomène qui devra attirer fortement l’attention est celui qui s’opérera au niveau du marché de la téléphonie mobile lui-même. Non seulement ce marché aura un tout nouveau souffle grâce à la 3G mais pourra même changer partiellement ou totalement d’orientation. Ces dernières années, le marché de la téléphonie mobile a connu un certain ralentissement. De plus, les consommateurs se sont particulièrement intéressés aux téléphones bas de gamme ou usagés qui servent simplement à téléphoner. Une partie de ces consommateurs préfère toujours les appareils de haute technologie mais ne reflète pas réellement la véritable tendance du marché de la téléphonie en Algérie. Avec la 3G, les choses pourraient prendre une nouvelle direction. Une bonne partie des consommateurs optera pour les smartphones qui permettent de tirer profit des services susceptibles d’être assurés par la 3G. Toujours dans le même contexte, les constructeurs devraient eux aussi se livrer une concurrence encore plus rude pour proposer les meilleurs terminaux. Jusqu’ici, certains d’entre eux en proposaient mais dans le cadre d’une gamme très variée. Un intérêt particulier pourrait désormais être accordé à cette catégorie d’appareils. Tout ceci reste bien évidemment tributaire à la fois des tarifs des applications proposées et des prix des téléphones mobiles.
L’aspect financier reste, sans aucun doute, un élément déterminant dans le développement de la 3G en Algérie. Certains estiment, à ce propos, que les services de la 3G seront l’apanage d’une catégorie de clientèle en particulier puisque tout le monde ne peut se permettre à la fois d’acquérir un smartphone et de payer les tarifs des applications qui seront proposés sur ces appareils. D’autres considèrent que les prix devraient baisser grâce à la concurrence aussi bien du côté des opérateurs de téléphonie mobile que du côté des constructeurs qui tentent désormais de proposer des appareils de haute technologie à des prix de plus en plus abordables. Une divergence d’opinion qui sera tranchée par les événements à venir.
Les appréhensions des professionnels
Un espoir étant presque toujours accompagné de craintes, les professionnels les plus optimistes ne cachent pas leur inquiétude quant à certains problèmes pouvant entraver l’ouverture du marché algérien sur la 3G. La plus minime de ces craintes est celle de voir l’ouverture réelle du marché sur cette nouvelle technologie prendre plus de temps qu’il ne le faut. Un point de vue justifié par l’ajournement répétitif des dates de retrait des cahiers des charges par les opérateurs et par conséquent celle des dépôts des dossiers de candidature et du retrait des licences d’exploitation de la 3G. Une menace encore plus sérieuse se profile, cependant, à l’horizon. Celle des lenteurs bureaucratiques qui font la triste réputation de l’administration locale. Plus spécifiquement, l’on craint les effets que pourrait avoir la réglementation imposant la lettre de crédit aux importateurs. Cette
réglementation comprise dans la loi de finances de 2009 a déjà fait trembler les professionnels les plus aguerris en raison de sa complexité.
Aujourd’hui, cette question refait surface et donne beaucoup à réfléchir aux acteurs du secteur des technologies. Des procédures rendant difficile l’introduction de nouveaux équipements impliquant le ralentissement de tout le processus de l’ouverture du marché sur la 3G. Pour beaucoup d’opérateurs, l’Algérie est actuellement en train de vivre deux époques en même temps. Une époque marquée par une volonté irréfragable de s’ouvrir sur les nouvelles technologies et la modernité et une autre époque où une administration aux pratiques surannées s’érige en obstacle, même de façon involontaire, à la modernité. Même si l’on considère que les pouvoirs publics soient animés par la même bonne volonté que les opérateurs du secteur des nouvelles technologies, il n’en demeure pas moins que les faits sur le terrain sont têtus.
En dépit des difficultés, le marché algérien des nouvelles technologies reste un marché très attractif. La 3G semble porteuse de grandes promesses et à plusieurs niveaux. Outre le fait que les applications mobiles faciliteront grandement la vie aux utilisateurs, les opportunités susceptibles d’être générées par la 3G dans différents domaines d’activité sont énormes. La création de nouvelles entreprises et à travers elles de nouveaux postes d’emploi, la dynamisation du marché de la téléphonie mobile et celui du développement des logiciels, la réduction des coûts pour les entreprises ayant opté pour les applications mobiles pour l’accès à Internet sont autant de bienfaits liés à la technologie de troisième génération.
Qu’elle rencontre des difficultés ou pas, qu’elle soit accessible pour tous ou seulement pour certains, la technologie de troisième génération est bien là et il semblerait que les obstacles présents ne fassent pas réellement le poids devant les opportunités futures. (suite p.2)
Entretien avec Laurent Stefanini, Responsable des activités d’Alcatel Lucent en Algérie
« L’Algérie pourra être leader dans les services innovants en Afrique du Nord »
L’ouverture du marché algérien à la 3G implique une grande concurrence du côté des équipementiers. Comment comptez-vous vous démarquer ?
La 3G constitue un enjeu majeur dans le développement du secteur des TIC en Algérie et représente un vrai catalyseur pour la croissance économique. Notre historique et présence locale en Algérie ont témoigné de notre forte volonté à nous impliquer d’avantage et à contribuer au développement du marché des télécommunications. Notre large expérience dans la 3G ainsi que notre collaboration de longue date dans le pays nous placent en position idéale pour aider l’Algérie à fournir au marché des services mobiles compétitifs, efficaces et à haute performance. Notre solution pourra, de plus, assurer une évolution harmonieuse vers la 4G LTE. Aujourd’hui, les opérateurs ont plus que jamais besoin d’un partenaire stratégique pour les aider à répondre à la demande croissante de connectivité mobile haut débit dans l’ensemble du pays, à promouvoir des services convergés fixes et mobiles innovants, et à améliorer la qualité de services du réseau. La qualité et la richesse de la gamme de nos produits et solutions, la compétence des nos équipes opérationnelles et notre connaissance du marché local algérien et régional nous placent dans une position confortable pour jouer ce rôle de partenaire stratégique et non seulement un équipementier.
Quelles seront les éventuelles difficultés techniques susceptibles de faire face à la généralisation de la 3G en Algérie ?
Introduire une nouvelle technologie dans un réseau implique toujours certains risques. Ces derniers sont souvent compensés par les avantages et gains que la nouvelle technologie apporte à l’économie globale. Toutefois, la 3G est aujourd’hui une technologie mature, et donc les difficultés technologiques devraient être limitées à un minimum. On peut citer la migration et la coexistence avec les technologies existantes, le plan couverture, la disponibilité de services dans des régions éloignées ou difficiles d’accès. Le plus souvent ces difficultés sont liées à l’exécution du plan, plutôt qu’à la technologie elle-même.
Comment voyez-vous le marché de la téléphonie mobile en Algérie à moyen terme ?
L’engagement de l’Algérie dans la 3G représente un élément fondamental dans le projet national e-Algérie, lancé par le Ministère de la Poste et des TIC. Il permettra de promouvoir la société de l’information et aidera à stimuler l’économie et la création d’emploi. Le secteur mobile continuera à représenter une part significative du chiffre d’affaires du marché des télécommunications en Algérie dans les années à venir. L’Algérie a un ensemble d’opportunités à exploiter, et l’évolution du réseau mobile à la 3G est l’un d’eux. La disponibilité du haut débit dans le marché va stimuler l’utilisation et améliorer l’efficacité des activités touchant tous les secteurs économiques. Cela va créer un écosystème assez riche qui sera renforcé par un grand choix de nouveaux terminaux et l’introduction de nouvelles applications et contenu. Les services à vocation publique (eGOUV, Poste, Santé, Education,..) peuvent se développer d’avantage. En contrepartie, cela va générer plus de flexibilité pour les opérateurs qui pourront réinvestir localement dans l’innovation. Le lancement de la 3G permettra une rapidité d’introduction sur le marché du haut débit mobile en début de 2012 en Algérie, tandis que l’introduction LTE-4G, un peu plus tard, permettra à l’Algérie de prendre de l’avance sur les pays voisins, d’être en position de pionnier en Afrique du Nord et de prendre une place de leader sur le marché des services innovants dans la région. (suite p.3)
Nedjma : « La 3G aura des retombées bénéfiques pour l’économie du pays »
« Nedjma fera de son mieux pour assurer les services de la 3G au maximum d’utilisateurs et à des prix raisonnables ». C’est ce qu’on nous a déclaré dernièrement chez Nedjma.
De manière plus générale, « la mise à la disposition des clients des services à valeur ajoutée aux prix les plus adéquats », représentent les leitmotivs du Directeur Général de Nedjma, M. Joseph Ged. On nous informe, en outre, que « la concurrence qui naîtra du lancement de la 3G ne sera que bénéfique pour les utilisateurs finaux dans la mesure où les opérateurs vont redoubler d’efforts pour baisser leurs tarifs et gagner ainsi des parts de marché ». Il semblerait en outre que chez Nedjma, on ne considère pas la technologie 3G comme un bref passage en attendant la 4G, mais plutôt comme une étape nécessaire, la généralisation de la 3G elle-même devant prendre du temps. « La 3G durera le temps que le marché y afférent se mette réellement en place et prenne ses repères et le temps que l’utilisateur algérien apprivoise et adopte les applications et les solutions qui naîtront de sa mise en oeuvre », soutient-on. Pour le directeur général de Nedjma, « le nouvel élan dans le marché de la téléphonie mobile réside dans la DATA ».
« Nous sommes convaincus que la 3G est la meilleure façon économiquement viable pour redynamiser le marché algérien des télécommunications », a-t-il affirmé dans l’une de ses dernières sorties médiatiques. D’un autre côté, l’adoption de la 3G aura, selon Nedjma, des retombées positives sur l’économie algérienne. Outre l’accès à l’Internet haut débit et la généralisation de l’utilisation des TIC en Algérie, la 3G sera bénéfique pour l’économie nationale à travers, notamment, « l’attrait que pourrait engendrer cette technologie pour l’installation des investisseurs étrangers, l’optimisation et la réduction des coûts opérationnels pour les grandes entreprises et les PME-PMI, la création d’emploi et le développement de services et contenus localement ».
De manière générale, l’opérateur Nedjma paraît confiant quant à l’avenir, considérant la 3G comme une technologie à la fois très utile pour les utilisateurs et profitable à l’économie du pays.
Entretien avec M. Malek Ould-Brahim, directeur adjoint de Microtel
« La 3G, à la fois nouveau marché et catalyseur du secteur de la téléphonie mobile »
Que pouvez-vous nous dire au sujet de Microtel ?
Microtel est un centre de formation créé en 2004 et agréé par la firme Cisco pour assurer l’ensemble des formations en rapport avec ses technologies. Nous faisons également du Consulting et accompagnons les entreprises pour la mise en place de solutions diverses qu’il s’agisse de solutions de téléphonie IP, de sécurité ou de réseaux sans fil. Nous sommes également dans l’intégration de solutions.
Quelles sont les grandes tendances en ce qui concerne la formation et en ce qui concerne le marché algérien ?
La tendance actuelle concerne les domaines des Data Centers et du Cloud Computing. Globalement, nous avons deux types de demandes. Le premier type concerne les formations relatives à l’exploitation d’équipements déjà installés. Le deuxième type est lié
à l’interconnexion entre des équipements déjà existant et d’autres à installer. C’est le cas par exemple des clients qui souhaitent connaître les possibilités d’interconnexion entre les Data Centers avec la 3G.
Quel regard portez-vous justement sur l’ouverture du marché algérien sur la 3G ?
Tout le monde va tirer profit de la technologie 3G. Il y a bien sûr les citoyens auxquels cette technologie va offrir de grandes possibilités, mais pas seulement. La 3G va aussi être une opportunité de plus pour les équipementiers et va également développer le segment des applications mobiles. Ce sera bien sûr un catalyseur pour le marché de la téléphonie mobile qui a connu un certain ralentissement ces dernières années. Pour résumer, la 3G va redynamiser le marché du mobile mais représentera, à elle seule, un tout nouveau marché. (suite p.4)
Imaginées par l’entreprise Connext Next Generation, des applications de géomarketing en préparation
L’entreprise Connext Next Generation services, une start-up hébergée au Cyberparc de Sidi Abdallah, travaille actuellement sur la réalisation d’applications mobiles en rapport avec le géomarketing, en prévision de l’ouverture du marché algérien sur la technologie 3G.
M. Omarouayache Ahmed Mehdi, General Manager, nous informe que ces applications devraient être disponibles sur le marché algérien au premier semestre de l’année prochaine. « Il s’agira d’applications qui seront destinées aux services Marketing des entreprises ainsi qu’aux agences de communication. Ce sont des cartes comprenant des informations en rapport avec différents marchés à exploiter par les opérateurs économiques ». Ces applications contiennent des informations permettant aux entreprises d’identifier les régions dans lesquelles leurs activités doivent être davantage développées. Les cartes de géomarketing permettent également aux opérateurs économiques de connaître les opportunités d’investissement dans différentes régions du pays en s’appuyant sur les données disponibles.
« Nous avons été fortement encouragés par la décision d’ouverture du marché algérien à la technologie 3G. C’est justement pour cette raison que nous avons pensé à investir dans le domaine des applications mobiles », explique le premier responsable de l’entreprise. L’entreprise Connext Next Generation est spécialisée, entre autres, dans la réalisation de sites internet, le conseil, la communication en ligne ainsi que la présence et la communication sur les réseaux sociaux. Tout porte à croire que l’activité de cette entreprise sera fortement influencée par les possibilités offertes aujourd’hui par la technologie mobile de troisième génération. D’autres entreprises spécialisées dans le domaine des technologies devraient également s’orienter de plus en plus vers les services 3G. L’on s’attend également à ce que des entreprises exclusivement spécialisées dans le domaine des applications mobiles soient créées dans les mois à venir.
Entreprise Linkcom : UNE PASSERELLE GSM-3G POUR LE MARCHÉ ALGÉRIEN
L’entreprise Linkcom, distributeur des marques Alcatel, General Electric et Doro, a participé au dernier Med-IT en proposant une technologie d’actualité. Il s’agit de « la passerelle GSM pour la 3G ». Visiblement inspirée par la volonté de l’Algérie de passer à la 3G, Linkcom entend se faire une place sur ce marché.
M. Adlène Askri, responsable commercial au niveau de cette entreprise, indique que la passerelle en question est un équipement utilisant le WiFi et s’appuyant sur les ondes GSM 3G. « Il s’agit d’un routeur que vous pourrez installer chez vous et qui peut à la fois assurer les services de téléphonie mobile et Internet pour ordinateur », explique M. Askri. D’autre part, l’entreprise n’envisage pas de proposer cet équipement directement sur le marché algérien mais souhaiterait plutôt bénéficier de l’appui des opérateurs de téléphonie mobile pour le commercialiser. « Nous voulons travailler en partenariat avec les opérateurs de téléphonie mobile, censés proposer les services de la technologie 3G, pour proposer notre passerelle GSM-3G », précise le même responsable.
Notons que ce genre de solution est particulièrement intéressant pour les personnes habitant des zones plus ou moins isolées. L’ouverture du marché algérien sur la technologie de troisième génération stimule manifestement les grandes marques aussi bien que leurs distributeurs qui n’ignorent pas les grandes opportunités qu’offre aujourd’hui la 3G en Algérie.
Qu’ils s’agissent d’équipementiers, de développeurs d’applications ou de constructeurs de téléphones mobile, l’Algérie est désormais pour eux le marché à conquérir à tout prix. Les observateurs s’attendent d’ailleurs à ce que la 3G soit à l’origine de la redynamisation de plusieurs segments du marché des nouvelles technologies.
N'TIC 59 / GASMIA Ahmed