« Alilou vous a envoyé une demande dans SimCity Social », vous êtes sur Facebook, et si vous cliquez sur « j’accepte », vous êtes peut être partis pour des dizaines d’heures de jeu. Il y en a qui n’ont jamais tenu de manette entre leurs mains, mais font partie des 20 600 000 joueurs mensuels de Farmville, sont experts sur Angry Birds, accros à Fruit Ninja, manager d’une équipe de foot virtuelle, maîtres de League of Legends, etc. Smartphones, plateformes de téléchargement, réseaux sociaux, comment joue-t-on en 2012 et à quoi est promis le futur du jeu vidéo ? Tout le monde finira par s’y mettre, alors autant le savoir tout de suite.
Il faut l’avouer, l’image médiatique du gamer, héritée des années 90 (et encore vivace), n’est pas des plus reluisantes. Sociopathe, boutonneux, malnutri, et à l’hygiène douteuse, il vit dans un monde imaginaire et abrutissant, où la violence est omniprésente, si bien qu’il en devient prédisposé aux meurtres en série. Ce portrait des plus modérés (n’est-ce pas?) continue d’être décrit de façon cyclique, comme un vaccin de rappel, rituel païen où l’on exhibe un épouvantail grotesque, histoire de canaliser les peurs d’une génération télévisée sur les machines bizarres sur lesquelles pianotent leurs rejetons.
Pourtant, la forme de divertissement la plus massive, la plus rentable, et la plus ancrée dans les chaumières, n’a plus grand-chose à voir avec les sphères ésotériques des sectes geeks, et se montre sous des jours nouveaux, convertissant les plus réfractaires aux bienfaits du logiciel ludique. La transition vers les périphériques tactiles notamment, ainsi que l’augmentation de leur puissance de calcul, a permis de voir émerger une toute nouvelle industrie du jeu.
Mobile devices, de vraies consoles de jeu ?
De petites applications, par dizaines de milliers, payantes ou gratuites, sont disponibles sur tablettes et smartphones. Les géants du jeu vidéo s’y mettent aussi, en agrémentant absolument toutes les consoles disponibles et futures de gameplay tactile. Ceci est l’évidence même pour la 3DS, mais aussi pour Sony et sa PS Vita qui vante non seulement un écran, mais aussi un pavé arrière tactile ! La surenchère ne rate pas non plus les consoles de salon, la prochaine Nintendo se jouera au Gamepad tactile, Sony mise sur le cross-Platform, c’est-à-dire l’utilisation de la Vita pour contrôler la PS3, et Microsoft, après le succès de Kinect, annonce SmartGlass, une application pour faire fonctionner son smartphone avec sa Xbox 360. Personne ne veut rater le coche, et pour cause, bien que le gameplay tactile soit une plaie pour la majorité des joueurs aguerris, il demeure une porte d’entrée facile à franchir pour un public néophyte qui cherche du jeu à consommer rapidement. Les jeux tactiles, c’est le fast-food du jeu vidéo.
Toutefois, pour en avoir le coeur net, et en remarquant que des licences fortes commencent à émerger de l’univers purement tactile, nous avons décidé de soumettre deux
smartphones en vogue au test vidéoludique : LG Optimus 3D Max et Samsung Galaxy S3. Rappelons que le LG Optimus 3D Max, comme son nom l’indique, permet de jouer à des jeux en relief (sans utiliser de lunettes spéciales). Son convertisseur 2D à 3D ne concerne pas que les photos et vidéos, mais aussi toutes sortes d’applications, dont les jeux. Le Samsung Galaxy S3 est quant à lui plus puissant, et peut donc faire tourner des jeux encore plus gourmands en vitesse de calcul.
« Asphalt 6 : Adrénaline » sur Optimus 3D Max
Asphalt est une série de jeux de course orienté arcade qui sévit sur de nombreux supports mobiles. Saga prolifique, elle a même bénéficié d’un portage sur PS Vita, bien que ce dernier n’ait pas atteint les standards attendus sur console, mais ceci est une autre histoire. Asphalt 6 est présent par défaut sur l’Optimus 3D, chose appréciable, et côtoie Let’s Golf 2 et N.O.V.A, premier du nom, dans le menu dédié aux applications 3D. Le jeu se prend en main instinctivement, il suffit de lancer une partie rapide pour comprendre tous les rouages du gameplay.
D’abord, l’accélération est gérée automatiquement, tout ce que le joueur a à faire est donc de tourner, freiner, et déclencher un boost. Deux pédales de freins sont dessinées sur l’écran, il suffit d’en toucher une pour réduire sa vitesse, ou plus vraisemblablement, pour déraper afin de négocier un virage. Idem pour le boost qui se remplit avec vos frasques sur le circuit (ce qui comprend les accidents que vous provoquez en percutant les adversaires, mais gare à votre propre véhicule !) et qui s’enclenche par une simple pression sur l’icône dédiée. Par contre, contrairement à la quasi-totalité des jeux de course sur mobile devices, tourner ne se fait pas en inclinant le téléphone…3D stéréoscopique oblige.
Jeu en relief…une option à double tranchant
Il s’agit évidemment du grand plus du support. La configuration de l’Optimus lui permet de faire le job sur les jeux compatibles, mais c’est avec la 3D en relief qu’il se démarque. Pour tourner la voiture, il suffit d’appuyer sur la partie droite ou gauche de l’écran, car si le jeu utilisait la gyroscopie, on perdrait la seule position qui permette de voir effectivement en 3D, ce qui dédoublerait l’image et rendrait le contrôle du véhicule impossible. Voir en 3D, c’est toute une discipline, cela s’apprend, se dompte petit à petit. En 3D, on pourra voir les véhicules sous licences, (des voitures de la vraie vie, et non des véhicules imaginaires) que l’on mènera dans un mode carrière assez généreux et proposant pas moins de cinquante courses, de quoi y passer quelques heures…mais pas d’affilée. La 3D stéréoscopique interdit tout bonnement de longues sessions de jeu. Il faut être aligné au millimètre près devant son écran pour voir en relief, et cette rigidité devient trop exigeante au bout de quelques minutes. Voilà qui rappelle certains désagréments rencontrés sur 3DS.
On peut régler la profondeur du relief de l’image, et autant le savoir avant d’investir dans le terminal, il est très difficile, à la profondeur maximale, de ne pas voir une image dédoublée. Pas de consensus sur la 3D, dans le sens où certains n’ont pu voir qu’une image double, quand d’autres ont pu apprécier les reliefs, mais tout le monde s’accorde à dire qu’il vaille mieux régler la profondeur de champs au minimum, perdre quasiment l’effet 3D, mais gagner indéniablement en jouabilité. Bien qu’il date de 2010, « Asphalt 6 : Adrénaline » de Gameloft est un bon jeu de course sur mobile, bénéficiant de graphismes tout à fait corrects vu le support, mais perdant de sa fluidité quand on pousse le relief au maximum.
Toutefois, dire que le gameplay tactile ne peut pas égaler un gameplay faisant appel aux boutons n’est pas une position réactionnaire. Le jeu manque en effet de subtilité dans sa prise en main, si bien que la répétitivité se fait sentir au bout de la troisième course. On ne peut pas juger un jeu sur smartphone comme on jugerait un jeu sur console, et c’est bien de cela qu’il s’agit. Asphalt 6 est donc réservé à de courtes séances de jeux fragmentées dans le temps.
N.O.V.A 3 sur Galaxy S3
Que se passe-t-il quand on teste le meilleur jeu des mobile devices sur le meilleur smartphone du moment ? N.O.V.A 3 sur Samsung Galaxy S3 est une combinaison de choc, et autant dire que l’on n’a pas été déçu. N.O.V.A est une série de jeu de tir à la première personne qui s’est imposée comme la plus grosse licence du genre sur iPhone et Android. On y incarne Kal Wardin, un type en armure qui n’a pas eu beaucoup de chance durant les trois opus de la saga. Entre machinations, invasions extraterrestres et pépins en tous genres, il évolue dans un environnement futuriste qui rappelle celui de Halo, bien que la dégaine du héro dans ce troisième épisode fasse davantage penser à Crysis. Ce sentiment de déjà-vu s’accentue d’autant plus que la trame commence sur une planète longtemps abandonnée; la Terre.
On lance le téléchargement du jeu et, surprise, le fichier pèse quasiment 2 Go de données, un record. A titre de comparaison, un jeu comme Asphalt 6 Adrénaline pèse environ 395 Mo. En lançant le jeu, on comprend en quoi consistent autant de données : le jeu est magnifique. On se prend une claque graphique, réellement. On a l’impression que le Galaxy S3 nous dit « C’est moi ou c’est pas moi ?! », et le rendu n’a pas à rougir devant les blockbusters des consoles salon… c’est à ce point. La mise en scène est quasiment parfaite, les scripts multiplient les situations épiques, les effets de lumière fusent et l’on suit les couloirs du jeu avec un plaisir certain.
Pour la jouabilité, il aurait été difficile de mieux faire avec un gameplay exclusivement tactile. On bouge avec un joystick virtuel que l’on génère avec le pouce gauche, et le reste est fait avec l’autre pouce. On vise en glissant le doigt sur l’écran et on tire en appuyant sur l’icône dédiée à droite…devant laquelle on trouve une icône pour les pouvoirs spéciaux que l’on déclenche par une simple pression, alors qu’un mouvement horizontal permet de naviguer entre les différents pouvoirs (ralentissement à la matrix, vague de force, paralysie de l’adversaire,…). Un bouton pour passer en vue subjective (qui dispose aussi d’un verrouillage semi automatique sur les cibles) jouxte les deux précédents. Enfin, juste en dessous, se trouve une icône de saut. Ces quatre commandes (tir, pouvoirs spéciaux, visée semi automatique et saut) se trouvent sur une surface de 2cm sur 2cm, ce qui est étriqué, et en sachant que viser requiert que l’on bouge le pouce sur une grande surface. On a vite fait de déclencher une commande sans le vouloir et de gaspiller ses munitions.
En haut, à droite de l’écran, un bouton pour recharger l’arme par pression et pour en changer par mouvement horizontal. On arrive tout de même à viser, et on ressent l’aide immense qu’offre le jeu pour y arriver. Sans cette béquille, viser est un exercice impossible, le gameplay tactile ne permet aucune précision. Gameloft, encore une fois, sert un must-have avec ce N.O.V.A 3, la campagne solo grand spectacle et le mode multi-joueurs fort réussi font la meilleure proposition vidéo-ludique sur Android Phones pour le moment. Il faut tout de même savoir que la fluidité et la qualité graphique du soft dépend avant tout de la puissance de votre terminal. Nous sommes ici sur le Samsung Galaxy S3, une machine formidable, mais un terminal moins puissant ne pourrait pas afficher un tel rendu. Des sessions de jeux courtes sont rendues possibles par le très grand nombre de sauvegardes automatiques que propose le jeu.
Cependant, encore une fois, même si le jeu se compare aux jeux de tir à la première personne sur consoles, il n’en est rien au niveau du gameplay. Trop imprécis, trop assisté, un jeu purement tactile offre de nouvelles sensation, mais perd à mimer les jeux vidéo console, qui restent de meilleure facture. Les spécificités du 100% tactile, ainsi que sa distribution inédite dans l’univers vidéo-ludique, accompagnent un souffle nouveau dans l’industrie. Quels genres émergent, quels genres se périment ? Quelles conséquences sur les modèles économiques du jeu vidéo et des TIC dans leur ensemble ? Eléments de réponse.