Ordinateurs, smartphones, tablettes, les objets connectés sont de plus en plus indispensables dans la vie de tous les jours. Plusieurs enfants, durant les vacances estivales, se retrouvent davantage exposés à ces nouvelles technologies jusqu’au point de développer, dans certains cas, une cyberdépendance. Dans quels cas peut-on parler d’une éventuelle cyberdépendance ? Quels sont les dangers de ce phénomène ? Comment reconnaître que son enfant est cyberdépendant ? Comment les parents peuvent-ils intervenir pour protéger leurs enfants contre les dangers de la dépendance au web ?
Internet est devenu le loisir commun que partagent les enfants et les jeunes algériens durant les vacances estivales. S’adonner aux jeux vidéo, surfer sur les différents sites internet et naviguer sur les réseaux sociaux pour se faire de nouveaux copains figurent parmi les occupations principales de ces derniers.
Cependant, quand le monde virtuel devient plus important que la réalité, quand l’enfant passe plus de temps devant son ordinateur qu’il ne le passe avec ses parents, quand le web isole l’enfant de la vraie vie et qu’il devient une sorte de « monde parallèle » dans lequel évolue l’enfant au détriment de son existence réelle, à ce moment, les parents doivent réellement s’inquiéter car il peut s’agir d’une dépendance aux nouvelles technologies, un phénomène connu universellement et qui prend une ampleur importante.
Qu’est-ce que la dépendance à Internet ?
Il n’y a pas consensus sur la définition de la cyberdépendance. Toutefois, la définition la plus classique est celle donnée par le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV) et qui reconnait la cyberdépendance comme étant une pathologie psychologique. Cette définition a été établie en s’appuyant sur plusieurs études qui ont tenté de dresser un profil des personnes en consultation. Ces dernières sont pour la majorité atteintes de troubles de sommeil, de troubles de dépression, d’anxiété et de stress en raison des longues heures passées devant son ordinateur à surfer sur Internet ou sur les réseaux sociaux. Ainsi, la définition la plus commune de la cyberdépendance est : un trouble psychologique entraînant un besoin excessif et obsessionnel d’utiliser un ordinateur et interférant sur la vie quotidienne.
Comment savoir que votre enfant est dépendant au Net ?
Généralement, les enfants dépendants à Internet manifestent une série de signes dont principalement le changement de comportement, d’habitudes de vie et d’humeur. Pour reconnaître que votre enfant commence à développer une dépendance aux écrans, voici une liste très fiable, établie par des scientifiques et des psychologues.
- Quand vous fixez à votre enfant un délai limité d’utilisation du micro, il vous désobéit toujours et reste plus longtemps.
- Il n’accomplit pas les tâches que vous lui confiez et reste face à son ordinateur.
- Il passe plus de temps en ligne qu’avec le reste de la famille.
- Il vous parle constamment de ses nouveaux copains en ligne.
- Vous vous plaignez constamment du temps qu’il dépense en ligne.
- Ses résultats scolaires ont déjà été affectés par le temps passé sur le Web.
- Depuis qu’il a découvert Internet, il semble plus déconnecté de la réalité, isolé et solitaire.
- Il n’accomplit aucune tâche avant de vérifier ses messages en ligne.
- Il se met sur la défensive et vous répond discrètement quand vous lui demandez ce qu’il a fait en ligne.
- Il arrive qu’il se connecte furtivement en dépit de votre interdiction.
- Il passe beaucoup de temps seul dans sa chambre face à son ordinateur.
- Il arrive qu’il vous réponde de façon agressive si vous lui parlez alors qu’il est en ligne.
- Il pique une crise de nerfs et devient de mauvaise humeur si vous l’obligez à réduire le temps qu’il passe en ligne.
- Il néglige tous les loisirs qu’il adorait autrefois et préfère rester en ligne.
- Il déprime quand il n’est pas branché à Internet en raison d’une coupure.
Cyberdépendance, des conséquences graves sur le cerveau des enfants
Des chercheurs américains se sont récemment penchés sur l’étude des conséquences physiologiques de la dépendance à Internet sur le cerveau des enfants et les résultats sont préoccupants. Les chercheurs, ayant participé au congrès de la Société américaine de psychiatrie qui a eu lieu du 3 au 7 mai dernier à New York, ont révélé que l’addiction à Internet provoquait des changements graves dans le comportement des enfants qui deviennent plus agressifs et isolés.
Sur le plan physiologique, l’addiction à Internet entraîne une augmentation de l’afflux sanguin vers les zones du cerveau associées à la récompense et au plaisir au détriment des zones dédiées à l’audition et à la vue. Par ailleurs, l’addiction à Internet provoque, au niveau du cerveau, une réaction similaire à celle provoquée par la prise de drogue. Ces résultats ont suscité l’inquiétude des chercheurs qui ont appelé à prendre plus au sérieux ce phénomène. Recommandant aux parents plus de vigilance et de surveillance, les scientifiques ont appelé à la rigueur et à la limitation des heures de connexion pour les enfants.
Dépendance aux nouvelles technologies, quels risques pour l’enfant ?
Pour plusieurs enfants qui découvrent l’influence des nouvelles technologies, il est impossible de vivre loin de l’écran. Difficile d’échapper au virtuel et de vivre loin d’Internet après l’invasion des smartphones, des tablettes, des ordinateurs. Les risques pour les enfants de cette génération « digitale natives » sont très nombreux. Le premier risque de la dépendance aux nouvelles technologies est l’isolement que cela peut engendrer dans le cas de l’enfant qui commence à ne plus entretenir des contacts sociaux avec son entourage. L’enfant ne préfère plus sortir jouer avec ses amis, ou tenir une discussion avec ses proches, il est constamment attiré par son écran et ne se sent satisfait et heureux que quand il est devant son ordinateur.
Il existe également un autre risque, celui de la découverte de la violence et de la pornographie en surfant, à l’insu des parents, sur des sites qui proposent des contenus destinés pour les adultes. Découvrir la sexualité doit se faire de façon instructive, pédagogique et progressive. Or, la découverte du sexe sur Internet choque l’enfant, voire le traumatise et le pousse à développer une très mauvaise perception de la sexualité.
Un autre phénomène nouveau qui commence à apparaître est celui du « cyberbullying ». Il s’agit du harcèlement via le web, une nouvelle forme d’agression qui prend de l’ampleur. Cette forme de harcèlement est similaire à celle qui prend naissance dans la cour d’école. Il s’agit d’une violence répétée, verbale, psychologique, perpétrée par un ou plusieurs élèves sur le Net à l’encontre d’une victime en position de faiblesse.
La cybercriminalité demeure également un risque potentiel de l’exposition excessive des enfants à Internet. Les enfants peuvent devenir des victimes de cyber-délinquants sexuels qui les guettent. Ces criminels peuvent être aussi bien des hommes que des femmes, et avoir n’importe quel âge. La facilité d’entrer en contact avec les gens à travers Internet favorise ce genre de rencontres et exige des parents plus de prudence.
Quelle attitude adopter face à un enfant dépendant ?
Il faut savoir que l’attrait aux nouvelles technologies n’a pas uniquement un aspect négatif. Ce moyen est une très bonne manière pour la découverte des autres. Toutefois, c’est quand l’usage de ces nouvelles technologies isole l’enfant du monde réel et l’enferme dans un monde virtuel que le danger commence à se faire ressentir. Face à un enfant qui se connecte de façon excessive et démesurée à Internet, les parents ne doivent pas rester indifférents. Il est primordial de trouver la bonne attitude sans pour autant verser dans l’agressivité ou la violence avec l’enfant.
La première étape vers une meilleure prise en charge de la dépendance de son enfant est l’installation d’un logiciel de contrôle parental qui permet de protéger et/ou de surveiller les activités de votre enfant sans devoir à chaque fois l’épier en revisitant l’historique de ses surfs. Les logiciels de contrôle parental font office de pont-levis contre les découvertes fortuites hasardeuses et parfois inopinées d’images, de blogs, de sites ou forum à thématique sexuelle, érotique,... Toutefois, ces logiciels ne permettent pas de réduire les heures de connexion à Internet. C’est là que les parents doivent se montrer fermes et rigoureux en mettant des limites à leurs enfants.
Par limites, nous entendons fixer des tranches horaires précises durant lesquelles les petits peuvent se connecter pour surfer sur Internet ou s’adonner aux jeux vidéo. Il est par ailleurs recommandé de ne pas mettre un appareil connecté à Internet dans la chambre des enfants car cette proximité favorise la dépendance. Même si les enfants sont en vacances, il est déconseillé d’adopter une attitude laxiste vis-à-vis d’eux, car ils ne reconnaîtront plus les limites et s’enfermeront dans leur petit monde au risque de s’isoler du monde réel.
Pour élaborer ce dossier, nous avons fait intervenir un psychosomatologue, le Dr Mezyane Ben Mohammed Bourezki, ainsi que le PDG d’Algérie Télécom qui vient d’organiser pas mal de journées portes ouvertes consacrées justement à ce sujet et destinées aux jeunes enfants.
Dr Mezyane Ben Mohammed Bourezki : « Lorsque Internet occupe 50% de la vie de l’enfant, on peut parler d’addiction »
A partir de quel âge peut-on autoriser son enfant à surfer sur le Net ?
Il ne s’agit pas ici de catégorie d’âge, mais plutôt de niveau de maturité. Au moment où l’enfant manifeste son intérêt vis-à-vis de l’outil informatique, et notamment du Net, le grand travail d’accompagnement des adultes commence.
Durant l’été, plusieurs enfants sont trop exposés à l’emprise d’Internet à travers le nombre important d’appareils connectés au Web. Tablettes, smartphones et ordinateurs sont autant de moyens technologiques que les enfants maîtrisent parfaitement de nos jours. Comment, en tant que parents, pouvons-nous contrôler les surfs de nos enfants ?
On ne peut jamais contrôler un enfant quel que soit notre degré de vigilance. Il faut établir avec lui un cadre partenarial. Le Net peut être un sujet commun entre parents et enfants. Cependant, les parents doivent donner l’exemple en se connectant de façon rationnelle et imposer à leurs enfants des limites.
Internet risque-il d’isoler nos enfants ?
Tout dépend du niveau de la psychomaturité de l’enfant. Si un enfant est modérément équilibré, le surf ne lui constitue pas un lieu de refuge émotionnel. Contrairement à un autre d’une psycho-maturation évoluée qui sera englouti dans le virtuel, déraciné et isolé de la réalité.
Comment se manifeste une addiction à Internet ? Autrement parlé, quand s’inquiéter ? Quand cette assuétude penche-t-elle vers le pathologique ?
Lorsque le Net occupe 50% de la vie de l’enfant, là on peut parler d’addiction. Et l’inquiétude sera légitimement justifiée.
Qu’est-ce que vous préconisez pour contrôler le comportement de nos enfants vis-à-vis de la dépendance aux nouvelles technologies ?
Enseigner aux enfants les pratiques d’équilibre psycho-comportemental telles que : la simplicité de la vie, la confiance en soi, l’échelle de priorité dans la vie et surtout s’ouvrir sur les valeurs humaines notamment les progrès technoscientifiques. Cela ne peut s’effectuer que si les adultes s’impliquent.
Il existe des systèmes de contrôle parental pour filtrer et vérifier le contenu que recherchent les enfants sur le Net. Pensez-vous que les parents peuvent faire confiance à ces systèmes ?
A mon avis, peu importe la fiabilité de ces systèmes de contrôle car la question qui se pose est combien de temps peut-on résister aux esquives et aux raccourcis d’une génération qui est souvent plus à jour et plus informée. Et d’ailleurs, je trouve complètement insensé d’accorder sa confiance à un système, à partir du moment où son enfant en fait un sujet de haute priorité.
Pensez-vous que les parents doivent contrôler l’historique des pages web pour connaître les pages visitées par leurs petits ?
Contrôler non, mais demander un compte-rendu (diplomatiquement), oui. C’est bien recommandé.
Que pensez-vous du phénomène des tablettes pour enfants qui devient une tendance? Est-il recommandé d’offrir une tablette à ses enfants ?
Absolument, oui. Pourquoi priver les enfants des vertus du progrès humain ? Il suffit juste de savoir utiliser ces outils à bon escient.
Les tablettes sont-elles bénéfiques ou nocives pour le développement des enfants ?
Les tablettes, comme tout autre outil, ont leurs bénéfices. Le développement de l’enfant est astreint à celui de son interlocuteur.
Que pensez-vous de l’addiction aux jeux vidéo sur Internet? Les jeux vidéo peuvent-ils rendre malade ?
Je confirme que les jeux vidéo peuvent rendre malade, aussi bien sur le plan organique (avec la diminution de l’acuité visuelle, l’obésité, les troubles cardiaques,...) que psychologique (anorexie, boulimie, nervosité, stress). Il faut absolument tirer la sonnette d’alarme quand des symptômes pareils apparaissent.
Quelle attitude doivent adopter les parents vis-à-vis de la dépendance de leurs enfants aux jeux vidéo ?
Toutes les relations dans le monde sont soumises à la loi du dominant – dominé, et si les parents veulent dominer les comportements de leurs enfants, c’est par la force d’esprit et la communication qu’ils peuvent intervenir et emmener leurs enfants à rationaliser leur comportement vis-à-vis des jeux vidéo.
Azouaou Mehmel, PDG d’Algérie Télécom : « Le logiciel de contrôle parental Fi@mane permet aux parents de surveiller leurs enfants sur Internet »
Algérie Télécom vient de développer un logiciel de contrôle parental Fi@mane. Pouvez-vous nous parler de ce qui a motivé le développement de ce logiciel ?
Pour un opérateur, c’est un devoir de proposer un tel logiciel. A partir du moment où on offre de l’accès à Internet, il faut quand même qu’on offre une solution de contrôle. C’est une solution qu’on a acquise. Au début, c’était une offre commerciale au lieu d’un service. Mais après, nous avons vu que les gens n’étaient pas très regardants sur ces aspects-là. On a donc décidé d’offrir gracieusement un accès par foyer. Pour chaque accès ADSL, le client a droit à une licence qu’il peut installer. Il peut même réserver un poste au niveau du siège sur lequel sera installée cette licence qui permet aux parents de contrôler les jeunes, filtrer tous les contenus inadaptés et même au-delà de ça. Ce n’est pas juste un contrôle de contenu mais même d’usage. On peut gérer le temps d’utilisation d’Internet de son enfant.
Comment les parents peuvent-il procéder à son installation ?
Il suffit simplement de faire la demande auprès d’une Actel. On envoie ensuite le lien de licence par mail qu’on télécharge et active. On crée ensuite ses profils. Très simple d’utilisation même pour les plus novices. On suit pas à pas les instructions.
Algérie Télécom a organisé, durant le mois de juin dernier à l’ occasion de la journée internationale de l’enfance, des journées portes ouvertes fi@mane. Dans quel but avez-vous organisé cette initiative ?
On a fait des journées portes ouvertes à l’échelle nationale. Il y a eu un grand engouement, un grand intérêt. Il faut dire qu’aujourd’hui, le phénomène de l’addiction aux nouvelles technologies est à traiter vraiment.
Que pensez-vous de la dépendance que développent certains enfants vis-à-vis du web, notamment durant la période des vacances ? Selon vous, quels sont les moyens efficaces pour lutter contre ce phénomène ?
Il n’y a pas de moyens de lutte pour l’addiction. Ce sont les parents, l’éducation, qui ont un rôle à jouer. On est tous parents. Pour que notre enfant nous laisse tranquille, on lui donne la tablette et c’est réglé. Et cela entraîne des dépendances. C’est un peu comme les réseaux sociaux qui, à terme, créent une asocialisation. Vous avez des personnes qui ont beaucoup d’amis sur les réseaux sociaux partout dans le monde mais qui ne connaissent personne dans le quartier du coin. Et même dans la famille. A la maison, chacun est devant son écran, dans sa chambre. Ce n’est plus une famille, les gens cohabitent. C’est un phénomène qui a d’ailleurs commencé avec la télévision. Au début, il n’y avait qu’une seule chaîne, une seule télé par maison. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Chacun a sa chaîne, sa télé. Avec l’apparition d’Internet, c’est pire. Donc l’éducation a un grand rôle à jouer.
Depuis le lancement de Fi@mane en juin dernier, pouvez-vous nous préciser approximativement combien de personnes ont adhéré à ce programme et ont téléchargé le logiciel ?
On compte aujourd’hui 18 700 abonnés.
Fi@mane : procédure d’installation du logiciel
Algérie Télécom propose à chaque foyer son logiciel de contrôle parental, Fi@mane. Pour l’installer, très très simple. Il suffit simplement de se laisser guider et le tour est joué. Voici les étapes à suivre :
Entrez l’adresse mail et le numéro de licence fournis par Algérie Télécom
Définissez un mot de passe
Choisissez votre niveau de filtrage
Et voici votre tableau de bord
A savoir qu’une fois le logiciel installé, plusieurs options s’offrent à vous. A vous de sélectionner celles que vous jugez nécessaires :
Tableau de bord : ce tableau résume les options sélectionnées.
Filtrage : il permet d’établir différents paramétrages de filtrage pour chaque compte d’utilisateur de votre ordinateur. Vous disposez de plusieurs filtrages : mode parents donnant accès à tout le web ; mode adolescents, navigation sur tout Internet à l’exception des sites inappropriés (différentes cases sont à cocher : pornographie, drogue, casino, racisme, violence) ; mode enfant, navigation sur une sélection de sites vérifiés.
Horaires : vous pouvez définir pour chaque compte d’utilisateur les plages horaires pour lesquelles vous voulez autoriser la navigation sur Internet.
Listes personnelles : vous pouvez définir votre liste blanche personnelle et votre liste noire personnelle. Pour cela, vous n’avez qu’à insérer les URLs des sites que vous souhaitez autoriser ou bannir.
Applications : vous pouvez choisir différentes applications à bloquer pour chaque compte d’utilisateur de votre ordinateur.
Téléchargements : vous pouvez choisir différents téléchargements à bloquer pour chaque compte d’utilisateur de votre ordinateur.
Rapport d’activité : vous pouvez visualiser le rapport d’activité pour chaque utilisateur de l’ordinateur.