« Seule la mise en place d’une structure associative permettra le développement du domaine de l’information géographique »
Jean-Marie SEITE est le président de l’AFIGEO, l’association française pour l’Information Géographique, qui a pour principal objet de concourir au développement du secteur de l’information géographique. L’AFIGEO, qui sera présente aux 2èmes Rencontres algéro-françaises de l’information géographique le 4 novembre prochain, organisées par le bureau d’UBIFRANCE d’Alger en collaboration avec l’INCT (l’Institut National algérien de Cartographie et Télédétection), offrira une opportunité à toute entreprise souhaitant échanger autour de leur savoir-faire dans le domaine de l’information géographique.
Pour nous donner un aperçu sur les activités de l’AFIGEO, M. Jean-Marie Seite a répondu à quelques-unes de nos questions.
Qui est AFIGEO et comment est née l’idée de créer cette association ?
Il y a 25 ans, le Conseil National de l’Information Géographique (CNIG) rassemblait tous les acteurs publics du secteur de l’information géographique. En 1986, il est apparu important d’y associer le secteur privé et, par la même occasion, de valoriser ses actions. De ce principe, est née l’AFIGEO, l’Association Française pour l’Information Géographique: une communauté d’intérêt qui fédère plus de 200 membres, issus aussi bien du secteur public (administrations, collectivités locales, institutions nationales,...), du secteur privé (grandes entreprises, PME-TPE, consultants,...) que du secteur de la formation et de la recherche (universités, grandes écoles,...). Son objectif est de favoriser les synergies entre ces différents acteurs, de faire connaître et promouvoir le secteur, les métiers de la géomatique, de répondre aux enjeux de l’information géographique de demain.
Vous êtes en Algérie pour animer un colloque organisé par Ubifrance en collaboration avec l’INCT. Qu’attendez-vous de ces rencontres ?
En effet, l’AFIGEO est partenaire à part entière de cet événement qui se tiendra le 4 novembre. En tant que président de cette association, je suis en Algérie pour accompagner une importante délégation d’entreprises qui souhaitent échanger autour de leur savoir-faire et expériences, poursuivre des collaborations qui existent déjà depuis plusieurs années, trouver de nouveaux partenaires, etc. Lors de ces rencontres, nous aborderons des aspects organisationnels et juridiques liés à la donnée géographique, mais aussi des cas d’utilisations concrets de logiciels SIG, de données géographiques pour des applications telles que la gestion des réseaux d’eau, du foncier, de l’environnement,… Nous espérons aussi poursuivre les collaborations et partenariats franco-algériens sur le long terme entre entreprises mais aussi entre l’AFIGEO, le CNIG, l’INCT, avec l’espoir d’accueillir, en retour, une délégation d’experts algériens de l’information géographique en France.
L’information géographique est un secteur porteur. En tant qu’association leader dans ce domaine, quelles recommandations pouvez-vous nous donner pour que l’information géographique se développe dans notre pays ?
Le secteur de l’information géographique se structure autour de 5 composantes essentielles : des données géographiques (ex : la localisation géographique d’une école), des appareils pour recueillir et utiliser ces données (ex : des GPS, des satellites, des ordinateurs,...), des systèmes informatiques pour traiter ces données (ex : des logiciels de traitement de données, des serveurs cartographiques,...), des hommes qui travaillent autour de ces données (ex : des géomètres-experts, des informaticiens, des enseignants-chercheurs,...) et des structures qui facilitent le partage autour de ces données (ex : en France l’AFIGEO, le CNIG, l’IGN,...). Toutes ces composantes sont à prendre en compte quand il s’agit d’information géographique.
Pensez-vous qu’une association comme la vôtre doit être créée en Algérie ? Est-ce incontournable ?
Chaque pays doit être en mesure d’identifier quels sont les acteurs qui interviennent dans le domaine de l’information géographique, quelles sont leurs différentes compétences, comment faciliter les échanges et la diffusion de données entre les différents échelons du territoire,... et comment animer cette communauté agissant dans le secteur de l’information géographique. Seule la mise en place d’une structure associative, indépendante, peut permettre d’identifier, de fédérer, d’animer cette communauté. En France, l’expérience de l’AFIGEO montre que le développement de l’information géographique s’appuie sur des systèmes complexes, des données aux centres régionaux d’échange et de partage, des territoires aux organisations. Même si aujourd’hui, il existe en France des modèles d’organisation et des lieux d’échange et d’animation tels que l’AFIGEO, il reste encore du chemin à parcourir.
Le développement du GPS, des données Adresses, sont en cours de développement en Algérie. Quelles recommandations donneriez-vous ?
Cette cartographie est essentielle pour le grand public, le domaine des transports, la livraison de courrier, etc. L’Algérie a le projet de développer une base de données sur l’adressage, qui est une donnée à très forts enjeux économiques et sociétaux, notamment pour l’acheminement des secours lors d’intervention d’urgence. En France, coexistent plusieurs bases de données Adresses, avec chacune leurs avantages et incohérences. L’AFIGEO a animé un groupe de travail réunissant les principaux producteurs et utilisateurs de cette donnée, afin de proposer un modèle de mise à jour en continu au bénéfice du plus grand nombre, mais les choses mettent du temps à se mettre en place.