L’Algérie figure parmi les pays les plus touchés par le phénomène de la contrefaçon dans le domaine des nouvelles technologies. Les logiciels ensuite les téléphones portables et à moindre degré les jeux vidéo sont les marchés les plus affectés par ce fléau.
Ce qui attire l’attention surtout, c’est le fait que la contrefaçon soit favorisée par de nombreux facteurs. En aval, ce marché attire principalement par les prix étonnamment bas des produits qui y sont proposés. Le marché des logiciels, par exemple, est littéralement ravagé par la contrefaçon. Ce sont d’ailleurs les faux logiciels qui ont propulsé l’Algérie dans la sphère des pays les plus touchés par les produits copiés dans le domaine des technologies. Aujourd’hui, la plupart des logiciels des grands développeurs mondiaux présents sur le marché algérien sont copiés. Le numéro un mondial dans ce domaine occupe également la première position parmi les marques les plus copiées en Algérie.
Les représentants de Microsoft en Algérie affirment, d’ailleurs, que 84% des produits vendus sous leur label sont des faux. Les autres développeurs ne se portent pas mieux que le leader du marché. Il suffit, vraisemblablement, qu’un développeur soit réputé au niveau international pour que ses produits soient copiés et vendus en Algérie et dans les autres pays dits émergeants, tout particulièrement. La différence entre les prix des produits originaux et ceux de leurs copies représente un argument imparable pour la plupart des utilisateurs locaux visiblement pas très regardants sur la qualité des produits.
Les développeurs internationaux qui en savent suffisamment sur le marché algérien ne s’offusquent presque plus en apprenant que des copies de leurs logiciels sont massivement achetées par des particuliers. Ce qui semble les inquiéter, en revanche, c’est le fait que des entreprises se permettent d’acheter des logiciels contrefaits pour faire des économies. Pour expliquer les choses de manière un peu plus prosaïque, les développeurs ne tolèrent pas que des entreprises gagnent de l’argent en utilisant des logiciels dont elles n’ont pas payé les vrais auteurs. Plus grave encore, les logiciels contrefaits ont trouvé leur chemin vers les administrations publiques, ce qui est pour les développeurs une véritable aberration. Il s’agit donc d’une situation inextricable à laquelle on ne pourrait imaginer une solution radicale ou, pour le moins, pas dans l’immédiat.
Un autre élément vient compliquer davantage la situation. Il s’agit de l’absence d’une loi obligeant les développeurs de déclarer leurs produits de façon officielle avant de les lancer sur le marché. Contrairement aux CD de chanson par exemple, les développeurs ne sont pas obligés de protéger leurs logiciels auprès de l’Office National des Droits d’Auteurs (ONDA). Dans ce contexte, ce qui semble être une largesse décidée par un législateur éclairé s’avère être un inconvénient. Ne pas être obligé de déclarer les nouveaux logiciels auprès de l’ONDA fait justement que l’ONDA soit incapable de savoir le nombre exact d’exemplaires d’un logiciel existant sur le marché. Il est donc impossible de savoir dans quelle
proportion un logiciel a été copié. Les développeurs algériens, pour leur part, ne sont pas touchés par le phénomène de la contrefaçon ou rarement en raison de la demande existant sur les marques internationales au même titre, d’ailleurs, que leurs copies. Pour de multiples raisons directement liées aux difficultés du marché algérien, très peu d’entrepreneurs investissent dans le domaine des logiciels. Un domaine jugé encore risqué.
La sensibilisation comme solution
Afin de faire face à ce phénomène, des développeurs internationaux, réunis dans la Business Software Alliance, ont signé un contrat de partenariat avec l’ONDA. De façon sommaire, le contrat prévoit des cycles de formation pour les agents de l’office afin de faire la différence entre les vrais logiciels et les faux. Parallèlement, l’ONDA et les représentants locaux des grandes marques entament différentes actions allant dans le sens de la sensibilisation par rapport aux risques inhérents à l’usage des logiciels contrefaits. Même si la volonté ne fait pas défaut, rien ne garantit que la simple sensibilisation soit capable de renverser une situation dans laquelle l’industrie du faux semble bien installée.
Les portables copiés en progression
La contrefaçon des téléphones portables progresse elle aussi. Il y a à peine quatre ans, seuls les accessoires vendus sur le marché algérien étaient contrefaits. Aujourd’hui, ce sont des appareils entièrement copiés qui font la concurrence aux produits originaux. Là aussi, les prix sont déterminants. Ce qui a favorisé le développement de la contrefaçon dans le secteur de la téléphonie mobile est, par-dessus tout, la nouvelle orientation prise par le marché algérien. Après les produits de luxe, les algériens semblent de plus en plus tournés vers des produits simples et parfois bas de gamme. Proposer donc aux consommateurs des appareils semblables aux produits de luxe à des prix très abordables convient parfaitement à l’état d’esprit actuel du consommateur algérien. Outre les téléphones contrefaits, généralement originaires de Chine, des appareils également chinois commencent eux aussi à inonder le marché. Ceux-ci sont proposés à des prix relativement bas.
De leur côté, les jeux vidéo copiés sont très prisés par les consommateurs locaux qui peuvent en profiter sans les payer à prix forts. Les jeux originaux proposés à des prix prohibitifs sont plus rares et assez peu demandés. Les portables, comme les jeux vidéo, sont introduits sur le marché algérien par des importateurs ou par des particuliers et trouvent naturellement leur place dans un marché où le prix est un élément clé et où le contrôle est rare. Le phénomène de la contrefaçon dans le domaine des nouvelles technologies est manifestement en progression, alimenté par différents ingrédients qui en font un véritable mal chronique.
Entretien avec M.Sami Benchikh, Directeur des études à l’Office National des Droits d’Auteurs
« L’Algérie est parmi les pays les plus atteints par la contrefaçon des logiciels »
Que pouvez-vous nous dire au sujet de la contrefaçon des logiciels en Algérie ?
Avant tout, ce qu’il faut savoir c’est que la protection des logiciels ne relève pas, selon la loi algérienne, de ce qu’on appelle la « gestion collective », comme c’est le cas pour les chansons sur CD par exemple. Pour être plus précis, les auteurs de logiciels ne sont pas obligés de passer par l’ONDA avant de commercialiser leurs produits, ce qui n’est pas lecas des auteurs de chansons. Les concepteurs de logiciels peuvent avoir une meilleure protection en passant par l’ONDA mais ne sont pas obligés de le faire. Cependant, le fait que l’enregistrement de ce genre de produit ne soit pas fait de façon systématique fait qu’au niveau de l’ONDA nous n’avons pas une idée précise sur le nombre de logiciels existant sur le marché. En revanche, lorsque l’auteur d’un logiciel nous signale un dépassement, nous agissons immédiatement et nous allons même jusqu’à mettre à sa disposition un avocat. Même si nous n’avons pas de chiffres précis, nous n’ignorons pas que l’Algérie figure parmi les pays les plus atteints par le phénomène, en tout cas.
Qu’en est-il des logiciels des grands développeurs internationaux disponibles sur le marché algérien ?
Nous travaillons, depuis quelques années, en partenariat avec le Business Software Alliance (BSA), organisme qui défend les droits des grandes marques spécialisées dans le domaine des logiciels. En vertu de cet accord, nos agents bénéficient de formation leur permettant d’identifier les vrais produits des faux.
Quelles sont les mesures prises concrètement par l’ONDA pour réduire l’acuité du phénomène de la contrefaçon des logiciels ?
Nous pensons que la meilleure façon de faire face à ce fléau est de mettre l’accent sur la sensibilisation. Nous organisons d’ailleurs de nombreuses rencontres pour sensibiliser, tout particulièrement les auteurs de logiciels. Cette année, nous avons élargi notre champ d’actions en prévoyant de sensibiliser les lycéens. 16 établissements secondaires devront être visités par nos agents avant la fin de l’année en cours. Je tiens à signaler, par ailleurs, que l’Algérie occupe une excellente position en matière de protection des droits d’auteurs aussi bien en Afrique que dans les pays arabes. La protection des logiciels tout particulièrement demande encore du travail car c’est un domaine assez récent. (Suite p.3)
En feuilletant l’un des journaux les plus lus du pays, nous tombons sur une petite annonce qui pique notre curiosité de technophiles: "Téléphones portables prix choc! (...) Smartphones à moitié prix! (...) Si vous trouvez moins cher ailleurs, on vous rembourse ! ». L’annonce concernait l’enseigne la plus connue de la capitale qui s'est historiquement spécialisée dans le CD de musique "gravée". Une fois sur place, nous nous trouvons devant le paradis du Shanzhai ! La quasi-totalité des produits sont contrefaits. Shanzai est le terme dédié à ce que le vendeur présente comme étant un "portable chinois" (un abus de langage malheureusement fréquemment utilisé), produits irréguliers qui alimentent le « Fake Market », le « marché du faux ». Comment de tels produits peuvent être si banalisés qu'on en fait de la pub dans les journaux? Tous les portables "chinois » peuvent-ils être logés à la même enseigne ? Pourquoi la téléphonie mobile est-elle autant victime de contrefaçon? Afin de répondre à ces questions, allons à la découverte du Shanzhai.
Un terme à la mode
« Portable chinois » est un terme impropre qui commet bien des amalgames. Certains consommateurs s’emmêlent les pinceaux par exemple entre des produits contrefaits et des produits de marque fabriqués en Chine. « Conçu en Californie, fabriqué en Chine » est une phrase qui se retrouve sur iPhones originaux et contrefaits, si bien que certains peuvent être floués sur la « bonne affaire » qu’ils viennent de faire en achetant un terminal à moitié prix. Autre amalgame, entre les produits contrefaits et les produits de marques chinoises, en effet. Certains logent à la même enseigne des produits contrefaits et un terminal comme le Tintele V900, qui lui est un vrai produit de marque, et qui plus est, de très bonne facture. Pour ces raisons et d’autres, nous préférerons le terme « Shanzhai » pour parler des portables contrefaits et fabriqués en Chine.
En chinois, Shanzhai fait référence au butin que des bandits mettaient en lieu sûr dans des entrepôts en montagne. Il signifie littéralement « le village de la montagne » ; le terme a dérivé pour signifier tout ce qui sort des circuits légaux, puis par extension, ce qui relève de la fraude, de la copie, et plus spécifiquement, de la contrefaçon en termes de téléphonie mobile. Juste au nord de Hong Kong, dans la province de Guangdong, se trouve une ville nommée Shenzhen qui est l’une des plus importantes Zones Economiques Spéciales de Chine. Elle a profité depuis les années 70 de la politique de « réforme et d’ouverture» et de l’afflux de capitaux étrangers, ce qui en fait un symbole de la libéralisation de l’économie chinoise. Une bonne partie des fabricants de matériel électronique contrefaits venant de cette région, on parlait de « produits Shenzen », puis le terme a dérivé vers Shanzai, et fait aujourd’hui trembler le monde de la téléphonie mobile tant il prend de l’ampleur.
De la petite fabrique familiale à la vitrine algéroise
Il y a quelques années, le Shanzhai était un produit de très mauvaise qualité provenant de fabriques familiales possédant peu d’équipements, si bien qu’un examen sommaire pouvait faire repérer la contrefaçon. Avec le temps et les profits grandissants, certaines fabriques ont réussi à se doter d’équipements conséquents. A ce niveau, le Shanzai a commencé à réellement poser problème à l’industrie. Le marché touché en priorité est évidemment le marché chinois, mais nombre de pays en développement (dont le nôtre) accueillent et distribuent des produits contrefaits. Deux chiffres pour se rendre compte de la vitesse de propagation affolante du Shanzhai : en 2007, 1 portable vendu sur 10 était contrefait (150 millions de Shanzhai pour 1,15 milliard de téléphones vendus en un an). En 2010, on estime qu’un portable 2G sur 5 vendu dans le monde est un Shanzai. La proportion du faux sur le marché de la téléphonie mobile a donc doublé en trois ans ! Pire encore que la quantité, c’est l’évolution des produits sur le plan qualitatif qui représente un vrai danger pour le marché régulier.
Les gammes de la contrefaçon
Il existe en effet deux familles différentes de Shanzhai. Il y a d’abord des produits de qualité médiocre, qui ne sont d’ailleurs souvent pas de la contrefaçon dans le sens stricte du
terme (à savoir la copie d’un produit de marque) mais des produits innovants, qui n’existent nulle part ailleurs. Toujours dans notre boutique algéroise, à coté de l’« iPhone 4G » à 12 000 DA, nous trouvons en effet des « Mini iPhones » un peu moins chers. Le «Mini iPhone » est une pure fantaisie qu’Apple n’a jamais produite. On trouve aussi des tablettes électroniques avec un clavier physique, et d’autres chimères issues du monde du Shanzhai. Le vendeur nous le présente toujours comme étant un « Mini iPhone chinois ». Là, le consommateur, bien que sachant qu’il s’agisse de contrefaçon, n’est pas informé sur le fait que ce produit est un pur fake, et qui de surcroît, possède des batteries défaillantes qui peuvent prendre feu.
A coté des fakes, on trouve les Shanzhai plus conventionnels, copies de modèles existants. Aucun constructeur n’est épargné, mais les smartphones les plus en vogues sont la cible principale des contrefacteurs. Ainsi, bien que l’on puisse reconnaitre la fraude sur un produit estampillé «Nukua», bien malin est celui qui peut reconnaître un iPhone contrefait dans ses moindres détails. Le vrai danger pour l’industrie de la téléphonie mobile n’est pas tant les produits fake, que l’on reconnait et dont on devine la qualité douteuse, mais bel et bien ces Shanzhai issus de fabricants bien équipés, et qui s’infiltrent dans le marché régulier de par leur degré de finition, si bien que l’on en retrouve la publicité dans les journaux nationaux.
La communication de la contrefaçon VS une régulation aux abois
Le Shanzhai, contrairement à la contrefaçon dans les autres domaines, ne s’appuie pas uniquement sur la marque proprement dite. Quand on vous vend un sac à main Dior, on veut que vous pensiez que c’est du Dior, mais quand on vous vend un smartphone qui ressemble comme deux gouttes d’eau à l’original, on peut très bien mettre un logo « Allez les verts ! » ou un logo avec votre prénom dessus, ou encore avec Che Guevara et toute autre marque que vous voulez. En Chine par exemple, lors des jeux olympiques, on vendait des téléphones avec des « marques » en rapport avec cet évènement. Ici, évidemment, le produit se présente à l’acheteur comme étant de la contrefaçon, c’est-à-dire que le fabricant est assez sûr de lui pour ne plus vouloir flouer l’acheteur en copiant les logos des marques. Il joue sur la mode ambiante et table non plus uniquement sur le prix, mais sur le rapport/qualité prix.
Cette démarche était encore inimaginable il y a encore deux ans en Algérie, quand une contrefaçon de Nokia était tellement mauvaise que la coque externe bougeait toute seule. En face, les autorités chinoises travaillent à démanteler les réseaux Shanzhai en arrêtant les producteurs et les revendeurs, ainsi qu’en détruisant les Shanzhai saisis. Cette tâche colossale n’est malheureusement pas poursuivie au niveau des pays émergeants concernés par le Shanzhai notamment les pays voisins de la Chine, l’Afrique et l’Amérique du Sud. Dans notre pays, le Shanzhai est clairement un produit comme un autre, qui profite encore des quiproquos pour séduire et trôner dans certains magasins à côté des produits de marques deux, trois, ou cinq fois plus chers. Ce qui nous mène vers la dernière raison qui explique pourquoi la téléphonie mobile est autant victime de contrefaçon.
Pourquoi les prix des Shanzhai sont aussi bas ?
Le plus évident est que les fabriques de Shanzhai ne payent aucun droit de licence au gouvernement chinois. Cela dit, en y voyant de plus près, l’on se rend compte que le cout réel de fabrication d’un Shanzhai tourne autour des 20 dollars. Il sera revendu 5 à 7 fois plus cher. Pour atteindre des prix de fabrication aussi bas, un second phénomène entre en ligne de compte. La compagnie taïwanaise Mediatek est à l’origine de toute une chaîne de production de composants électroniques pour téléphones portables dont les prix sont largement inférieurs à ceux des fournisseurs des multinationales classiques. La presse taïwanaise a d’ailleurs en 2010 fini par surnommer Mr Tsai, le président de Mediatek, « le roi bandit de la téléphonie mobile ». 18ème fortune taïwanaise, un homme rare dans les médias mais un meneur de génie qui a su voir venir le boom technologique de Shenzhen quand tout le monde pariait encore sur Taïwan. Mediatek a permis ce virage technologique à l’origine du Shanzhai, un terme qui ne plaît pas à Mr Tsai, car « on utilise maintenant ce mot pour dénigrer ces produits ».
En ce qui concerne les pays comme l’Algérie, Mr Tsai disait en octobre dernier: « La crise financière a confirmé que les pays émergeants n’étaient pas affectés. Leur développement économique continuera et les opportunités seront d’autant plus grandes ». Pas besoin de lire entre les lignes pour comprendre que la cible du Shanzhai est désormais les pays émergeants, plus propices à l’émancipation d’une contrefaçon non seulement régularisée de manière officieuse, mais trop rarement condamnée de manière officielle. (Suite p.4)
Quand on rentre au carré vidéo-ludique, on ne parle plus de contrefaçon. Piratage, hacking, consoles pucées, flashées, DVD « gravés », tout un champ lexical pour expliquer que de l’autre côté de la Méditerranée, tout le monde joue presque à l’oeil. Presque, car vu que les consoles en elles-mêmes ne sont pas contrefaites, elles représentent toujours un investissement, ensuite à chacune son piratage. Avant de faire un tour d’horizon sur le hacking des 5 consoles en vente de nos jours, il faut savoir que ce phénomène a commencé sur PC. Un jeu étant un logiciel comme un autre, nous avons vite fait d’apprendre à contourner un numéro de série. Les fameux key générators (générateurs de clés) sont même fournis avec le jeu à son achat, et bien souvent, un seul numéro de série servait pour des milliers de personnes. Le fameux Crack demeure aujourd’hui encore la façon la plus utilisée pour jouer à un jeu copié. Il s’agit d’un fichier d’exécution qu’il faut copier/coller à la place du fichier d’exécution du jeu. Certains sites internet se sont même spécialisés dans les fichiers Crack.
Nintendo DS
La DS bénéficie certainement du piratage le plus propre, le moins invasif. On ne touche ni au hardware, ni au software. Des cartouches ressemblant à celles des jeux DS ont été mises au point, telles que les cartouches M3 ou R4. Elles sont généralement vides et pourvues d’un port microSD. Il suffit ensuit d’y introduire une carte mémoire microSD avec le dossier SYSTEM disponible sur le site du constructeur de la carte M3 ou R4, et d’y introduire les ROM, c’est-à-dire des fichiers de jeux, eux aussi téléchargés gratuitement d’internet (en peer-to-peer ou à partir de sites spécialisés réputés pour leur fiabilité). Vous pouvez ainsi avoir une bonne vingtaine de jeux DS toujours à portée de main, et l’accès virtuel à tout le catalogue de la console. Il suffit ensuite d’enlever la cartouche et vous récupérez votre DS comme neuve.
Pour la 3DS sortie le 25 Mars dernier, le manque de recul ne permet pas encore de hacker les jeux spécifiques à cette console, mais les cartes M3 et R4 permettent d’ores et déjà de hacker le répertoire de la DS sur la 3DS, rétrocompatibilité oblige.
Sony PSP
La PSP s’est émancipée sous nos latitudes avec la généralisation du “flashage”. A ses débuts, il coûtait dans les 5 000 DA pour être aujourd’hui à environ 500 DA (voire 100 DA) dans certains magasins. Avec le temps, la PSP devait être soumise à des mises à jour, une piqûre de rappel nécessaire pour s’adapter aux nouvelles défenses mises au point par les développeurs de jeux, et pour bénéficier de nouvelles options allant du décodage de nouveaux formats pour la musique à l’accès aux boutiques de jeux sur Internet. Les ROM sont enregistrées sur la carte mémoire, qui possède elle aussi des logiciels permettant de lancer les jeux dématérialisés. Cette méthode a permis aux plus nostalgiques de faire tourner des jeux de la première Playstation sur leur PSP. De quoi raviver certains souvenirs et craner devant ses amis!
Aujourd’hui, les dernières mises à jour permettent de donner accès à tout le répertoire de la PSP, en sachant que son prix a subit une baisse de 25%, ce qui le ramène à 129 euros (en espérant que cette baisse soit répercutée sur les prix des PSP algériennes) et que son héritière, la NGP, connaisse un retard jusqu’à 2012 à cause de la catastrophe qui touche le Japon. Beaucoup de frileux sauteront certainement le pas pour se saisir de cette console au piratage plus que maîtrisé.
Microsoft Xbox 360
La reine du bal, console majeure qui a succédé à la PS2 avec panache car elle constitue dans beaucoup de foyers la seule source d’images en HD, et ainsi le seul justificatif de l’investissement sur l’écran HD de la maison. La 360 a connu des hauts et des bas dans l’histoire de son piratage. Des défauts techniques majeurs menaient vers le très craint et historique Ring of Death, l’anneau de LEDs qui entoure le bouton power et qui vire doucement au rouge jusqu’à l’arrêt définitif de la console. De nous jours, ce genre de problèmes appartient au passé.
Pirater la Xbox 360 passe par l’installation d’une puce spécifique souvent fournie avec la console à son achat. Puis de rares mises à jour viennent compléter le processus, comme celle qui permet de rendre la 360 compatible Kinect et permet de faire tourner les derniers jeux en date. Les mises à jour chez le vendeur sont plus rares parce que les DVD double couches gravés que l’on achète à 250 DA possèdent eux-mêmes les mises à jours requises, et généralement sans danger pour la console. Il ne demeurait qu’un seul bastion impossible à pénétrer, le multi-joueurs en ligne car la console était identifiable, ce qui menait à des bannissements et interdisait de jouer avec tous les gamers du monde. Une nouvelle mise à jour vient contrer cette ultime défense en permettant de cacher son adresse IP sur le Xbox Live, preuve que les gamers n’ont aucune limite.
Sony PS3
La PS3 a battu des records de longévité sans être piratée, 4 ans ! Une fois qu’elle a cédé, Sony, probablement traumatisé par les piratages successifs de la PSX et de la PS2 puis humilié par le décryptage de l’un des secrets les mieux gardés par une console de jeux, lance une offensive sans précédent dans ce domaine ! Un vrai roman policier. La contre offensive consiste a repérer les joueurs qui ont recours au piratage en pistant leurs adresse IP à partir du site internet du robin des bois qui mettait à la disposition de tout le monde la clé permettant de hacker la console, le fameux GeoHot. Son vrai nom est Georges Hortz, et il passera devant les tribunaux pour répondre de ses actes. Cela dit, en dehors du sol américain, la PS3 semblait bel et bien partie pour faire des heureux tiersmondistes. Là, coup de théâtre ! Sony concocte un nouveau firmware qui, non seulement comble la faille qu’on a mis 4 ans à trouver, mais en plus rajoute une nouvelle couche de protection. On peut être sûr que ce firmware sera installé sur toutes les prochaines PS3, jetant dans le désarroi des millions de fans de Metal Gear Solide.
Nintendo Wii
Nos BéniWiiWii ont connu bien des déconvenues avant d’avoir une console correctement hackée. Les mises à jour officielles contraient systématiquement tout système de piratage. Pire encore, à l’intérieur même des DVD de jeux Wii à 100 DA, se cachaient des mises à jour fatales pour la console. Les mises à jour non officielles, surtout celles que l’on devait à un certain Waninoko, ont tout de même permis aux possesseurs de Wii de jouer à quasiment tous les jeux sortis sur ce support. Même avec du retard, le pirate finit par contourner toutes les défenses. Ces mises à jour demeuraient tout de même peu pratiques, rares étaient les magasins qui les proposaient, et elles représentaient de toute façon un danger pour la console. Il fallait donc être téméraire pour naviguer dans les forums, trouver le fichier qu’il faut, le mettre sur carte SD, puis lancer le Homebrew adéquat pour mettre à jour sa console et enfin goûter aux joies de ce bon vieux Mario Galaxy. Heureusement, de nos jours, une nouvelle puce vient régler tous nos problèmes pour la modique somme de 3 500 DA (les prix varient beaucoup d’un magasin à un autre).
En conclusion, le piratage des jeux vidéo est une menace concrète qui, si elle se généralise aux pays développés, peut signer la mort de l’innovation vidéo-ludique. Il faut savoir qu’un jeu coûte et rapporte aujourd’hui en moyenne plus qu’un film. Cela dit, le piratage des consoles en Algérie ne grappille aucune part de marché aux jeux vidéo originaux, tout simplement car un jeu coûte en moyenne 50 euros, et quelques exceptions mises à part, le consommateur algérien ne consacrera jamais un tel budget pour ce loisir, surtout qu’une majorité de joueurs sont des jeunes sans le sou. Il semble que ce «mode de consommation » est bien parti pour être un archétype dans les années à venir.