Contrefaçon dans les TIC: l’Algérie, l’eldorado du faux

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Jeux vidéo : à chaque console un piratage différent


Quand on rentre au carré vidéo-ludique, on ne parle plus de contrefaçon. Piratage, hacking, consoles pucées, flashées, DVD « gravés », tout un champ lexical pour expliquer que de l’autre côté de la Méditerranée, tout le monde joue presque à l’oeil. Presque, car vu que les consoles en elles-mêmes ne sont pas contrefaites, elles représentent toujours un investissement, ensuite à chacune son piratage. Avant de faire un tour d’horizon sur le hacking des 5 consoles en vente de nos jours, il faut savoir que ce phénomène a commencé sur PC. Un jeu étant un logiciel comme un autre, nous avons vite fait d’apprendre à contourner un numéro de série. Les fameux key générators (générateurs de clés) sont même fournis avec le jeu à son achat, et bien souvent, un seul numéro de série servait pour des milliers de personnes. Le fameux Crack demeure aujourd’hui encore la façon la plus utilisée pour jouer à un jeu copié. Il s’agit d’un fichier d’exécution qu’il faut copier/coller à la place du fichier d’exécution du jeu. Certains sites internet se sont même spécialisés dans les fichiers Crack.

Nintendo DS

La DS bénéficie certainement du piratage le plus propre, le moins invasif. On ne touche ni au hardware, ni au software. Des cartouches ressemblant à celles des jeux DS ont été mises au point, telles que les cartouches M3 ou R4. Elles sont généralement vides et pourvues d’un port microSD. Il suffit ensuit d’y introduire une carte mémoire microSD avec le dossier SYSTEM disponible sur le site du constructeur de la carte M3 ou R4, et d’y introduire les ROM, c’est-à-dire des fichiers de jeux, eux aussi téléchargés gratuitement d’internet (en peer-to-peer ou à partir de sites spécialisés réputés pour leur fiabilité). Vous pouvez ainsi avoir une bonne vingtaine de jeux DS toujours à portée de main, et l’accès virtuel à tout le catalogue de la console. Il suffit ensuite d’enlever la cartouche et vous récupérez votre DS comme neuve.

Pour la 3DS sortie le 25 Mars dernier, le manque de recul ne permet pas encore de hacker les jeux spécifiques à cette console, mais les cartes M3 et R4 permettent d’ores et déjà de hacker le répertoire de la DS sur la 3DS, rétrocompatibilité oblige.

Sony PSP

La PSP s’est émancipée sous nos latitudes avec la généralisation du “flashage”. A ses débuts, il coûtait dans les 5 000 DA pour être aujourd’hui à environ 500 DA (voire 100 DA) dans certains magasins. Avec le temps, la PSP devait être soumise à des mises à jour, une piqûre de rappel nécessaire pour s’adapter aux nouvelles défenses mises au point par les développeurs de jeux, et pour bénéficier de nouvelles options allant du décodage de nouveaux formats pour la musique à l’accès aux boutiques de jeux sur Internet. Les ROM sont enregistrées sur la carte mémoire, qui possède elle aussi des logiciels permettant de lancer les jeux dématérialisés. Cette méthode a permis aux plus nostalgiques de faire tourner des jeux de la première Playstation sur leur PSP. De quoi raviver certains souvenirs et craner devant ses amis!

Aujourd’hui, les dernières mises à jour permettent de donner accès à tout le répertoire de la PSP, en sachant que son prix a subit une baisse de 25%, ce qui le ramène à 129 euros (en espérant que cette baisse soit répercutée sur les prix des PSP algériennes) et que son héritière, la NGP, connaisse un retard jusqu’à 2012 à cause de la catastrophe qui touche le Japon. Beaucoup de frileux sauteront certainement le pas pour se saisir de cette console au piratage plus que maîtrisé.

Microsoft Xbox 360

La reine du bal, console majeure qui a succédé à la PS2 avec panache car elle constitue dans beaucoup de foyers la seule source d’images en HD, et ainsi le seul justificatif de l’investissement sur l’écran HD de la maison. La 360 a connu des hauts et des bas dans l’histoire de son piratage. Des défauts techniques majeurs menaient vers le très craint et historique Ring of Death, l’anneau de LEDs qui entoure le bouton power et qui vire doucement au rouge jusqu’à l’arrêt définitif de la console. De nous jours, ce genre de problèmes appartient au passé.

Pirater la Xbox 360 passe par l’installation d’une puce spécifique souvent fournie avec la console à son achat. Puis de rares mises à jour viennent compléter le processus, comme celle qui permet de rendre la 360 compatible Kinect et permet de faire tourner les derniers jeux en date. Les mises à jour chez le vendeur sont plus rares parce que les DVD double couches gravés que l’on achète à 250 DA possèdent eux-mêmes les mises à jours requises, et généralement sans danger pour la console. Il ne demeurait qu’un seul bastion impossible à pénétrer, le multi-joueurs en ligne car la console était identifiable, ce qui menait à des bannissements et interdisait de jouer avec tous les gamers du monde. Une nouvelle mise à jour vient contrer cette ultime défense en permettant de cacher son adresse IP sur le Xbox Live, preuve que les gamers n’ont aucune limite.

Sony PS3

La PS3 a battu des records de longévité sans être piratée, 4 ans ! Une fois qu’elle a cédé, Sony, probablement traumatisé par les piratages successifs de la PSX et de la PS2 puis humilié par le décryptage de l’un des secrets les mieux gardés par une console de jeux, lance une offensive sans précédent dans ce domaine ! Un vrai roman policier. La contre offensive consiste a repérer les joueurs qui ont recours au piratage en pistant leurs adresse IP à partir du site internet du robin des bois qui mettait à la disposition de tout le monde la clé permettant de hacker la console, le fameux GeoHot. Son vrai nom est Georges Hortz, et il passera devant les tribunaux pour répondre de ses actes. Cela dit, en dehors du sol américain, la PS3 semblait bel et bien partie pour faire des heureux tiersmondistes. Là, coup de théâtre ! Sony concocte un nouveau firmware qui, non seulement comble la faille qu’on a mis 4 ans à trouver, mais en plus rajoute une nouvelle couche de protection. On peut être sûr que ce firmware sera installé sur toutes les prochaines PS3, jetant dans le désarroi des millions de fans de Metal Gear Solide.

Nintendo Wii

Nos BéniWiiWii ont connu bien des déconvenues avant d’avoir une console correctement hackée. Les mises à jour officielles contraient systématiquement tout système de piratage. Pire encore, à l’intérieur même des DVD de jeux Wii à 100 DA, se cachaient des mises à jour fatales pour la console. Les mises à jour non officielles, surtout celles que l’on devait à un certain Waninoko, ont tout de même permis aux possesseurs de Wii de jouer à quasiment tous les jeux sortis sur ce support. Même avec du retard, le pirate finit par contourner toutes les défenses. Ces mises à jour demeuraient tout de même peu pratiques, rares étaient les magasins qui les proposaient, et elles représentaient de toute façon un danger pour la console. Il fallait donc être téméraire pour naviguer dans les forums, trouver le fichier qu’il faut, le mettre sur carte SD, puis lancer le Homebrew adéquat pour mettre à jour sa console et enfin goûter aux joies de ce bon vieux Mario Galaxy. Heureusement, de nos jours, une nouvelle puce vient régler tous nos problèmes pour la modique somme de 3 500 DA (les prix varient beaucoup d’un magasin à un autre).


En conclusion, le piratage des jeux vidéo est une menace concrète qui, si elle se généralise aux pays développés, peut signer la mort de l’innovation vidéo-ludique. Il faut savoir qu’un jeu coûte et rapporte aujourd’hui en moyenne plus qu’un film. Cela dit, le piratage des consoles en Algérie ne grappille aucune part de marché aux jeux vidéo originaux, tout simplement car un jeu coûte en moyenne 50 euros, et quelques exceptions mises à part, le consommateur algérien ne consacrera jamais un tel budget pour ce loisir, surtout qu’une majorité de joueurs sont des jeunes sans le sou. Il semble que ce «mode de consommation » est bien parti pour être un archétype dans les années à venir.

N'TIC 54 / AVRIL 2011