Téléphonie mobile: état des lieux
Acheter un téléphone, ce n’est pas comme acheter une brosse à dent. Le téléphone, cela s’étudie, se jauge, se compare, se confronte au budget. Au-delà de remplir une fonction purement pratique, le téléphone est un objet de rapport social, un objet de désir, qui se porte aussi comme un bijou, un apparat. Bref, étudier les ventes de téléphones mobiles, c’est aussi étudier les aspirations du consommateur algérien.
Régulièrement sur N’TIC, nous vous proposons un baromètre des ventes basé sur les témoignages des détaillants. Au contact du client, et connaisseur des offres, le détaillant participe activement à la sélection des ventes de produits. Dans un souci d’impartialité, le choix de notre échantillon de boutiques se fait au hasard parmi les détaillants non affiliés à une marque, et répartis sur Alger (cette restriction géographique à la capitale est à prendre en compte dans l’interprétation des résultats). Sur les deux dernières années, le constat est resté stable : les terminaux d’entrée de gamme constituent l’essentiel des ventes. Le public concerné par des terminaux haut de gamme est devenu marginal dès que les opérateurs ont conquis le grand public.
Le marché algérien est sans surprise un marché de prix, où les fonctionnalités multimédia ne figuraient pas parmi les priorités du consommateur. Pourtant, une transformation timide semblait s’opérer vers le dernier trimestre 2011. La moyenne des prix des terminaux les mieux vendus, toutes gammes confondues, avait en effet avancé d’environ 4 000 DA à 9 000 DA à un an d’intervalle. Le moyen de gamme, épaulé par les téléphones double SIM, a opéré une percée certes minoritaire mais bien nouvelle par rapport à la période antérieure. Dans le segment haut de gamme, l’iPhone a longtemps mené la danse, puis le marché s’est enrichi d’offres plus compétitives. Encore une fois, l’iPhone a longtemps résisté face à une concurrence objectivement plus attractive.
En est-il toujours ainsi ? Où en sont les ventes de téléphones portables ? Eléments de réponse.
Synthèse des données
Ce qui saute aux yeux, c’est qu’une des constantes du marché algérien est maintenue : Samsung mène la danse. Autres constantes, Nokia occupe l’espace essentiellement avec l’indéboulonnable 1616, et l’entrée de gamme reste, en termes de volume des ventes, le segment dominant sur le marché. Le baromètre garde ainsi un squelette général assez stable, contrairement aux prix qui eux, telle la marrée, montent et descendent à intervalle régulier. Le même produit a non seulement des prix substantiellement différents d’un vendeur à l’autre (exemple du 5212 qui va de 9 000 DA à 30% plus chère, 12 000 DA) mais aussi chez le même vendeur à deux périodes différentes « C’est la loi de l’offre et de la demande, le marché fait régulièrement réviser les prix pour beaucoup de modèles ».
Du moyen de gamme en bonne santé
Cependant, la percée du moyen de gamme que nous pressentions l’an dernier semble se confirmer. La moyenne des prix des trois terminaux les plus vendus, toutes gammes confondues, s’ancre d’avantage dans les plages de prix de moyen de gamme, comprenez des téléphones qui intègrent des fonctions multimédia (MP3, capteur optique), double SIM ou même tactiles à bas coût. Il est à signaler que cette moyenne de prix n’est pas la moyenne du budget du consommateur qui elle, est plus basse. Pour cause, les différences de volumes de vente entre les trois terminaux les plus vendus ne sont pas pris en compte, et l’apparition de magasins spécialisés dans le haut de gamme tend à tirer ce chiffre vers le haut. Il n’empêche qu’en employant la même méthodologie, et en prenant en compte les mêmes paramètres, on peut statuer que le consommateur accorde un budget plus conséquent pour son téléphone, et ne se contente de l’entrée de gamme que s’il décide d’ajouter une SIM sans troquer son téléphone contre un double SIM.
L’iPhone est en tête, oui, mais il n’est plus tout seul
Le segment haut de gamme, lui, présente de grands changements. L’iPhone est passé d’une écrasante domination à une simple avance par rapport à la concurrence de mieux en mieux organisée. Encore une fois, c’est quasi systématiquement Samsung qui l’emporte avec ses Galaxy, mais Sony Ericsson est aussi cité en seconde ou en troisième intention, talonné par les terminaux LG. La fréquence de citation de terminaux des autres constructeurs est assez homogène et ne constitue pas une donnée exploitable vu le nombre de magasins étudiés. Dans tous les cas de figure, l’attractivité des smartphones est intimement liée aux services qu’ils offrent en comparaison avec les gammes inférieures. Or, ces services sont quasi-complètement dépendants d’Internet. Certains consommateurs qui disposent du pouvoir d’achat nécessaire à l’obtention d’un smartphone ne passent pas à l’acte faute de disponibilité d’internet mobile digne de ce nom.
Les cartes du marché du téléphone auraient pu être complètement redistribuées en ce début d’année, mais la procrastination de l’obtention de cette technologie déjà obsolescente englue le marché dans un profil archaïque…Tout vient à point à qui sait attendre.