Les élections présidentielles américaines, fin de l’année écoulée, puis les suites houleuses des élections présidentielles en Iran, et enfin tout récemment la mort de la star de la pop music, Michael Jackson ; trois moments phares qui ont imposé Twitter, comme nouveau mode de communication incontournable. Pour autant, et à l’instar des autres réseaux sociaux du web 2.0, il lui reste à trouver le modèle économique adéquat et à démonter les multiples critiques qui doutent de sa pérennité.
Bref, concis, interactif et simple à décliner, le Twitter, représente la nouvelle tendance forte parmi les outils d’échanges et d’information en vogue, au point où la plupart des personnalités, à commencer par le Président américain Obama, s’y adonnent. Twitter est un outil de réseau social et de microblogging qui permet à l'utilisateur d'envoyer gratuitement des messages, appelés des tweets (gazouillis en français), de 140 caractères maximum par Internet, par messagerie instantanée ou par SMS. Twitter permet de rester en contact avec ses amis, dire ce que l'on est en train de faire, où l'on est. Le service peut également être utilisé pour faire la veille, ou permettre aux entreprises de communiquer.
Pour débuter sur Twitter, rien de bien original. Il suffit de rentrer son nom, son ¬e-mail, de se choisir un pseudo et un mot de passe, et c’est tout. Rien à voir donc avec Facebook qui requiert goûts musicaux, statut matrimonial, opinion politique ou religion. Twitter n’en est pas moins un réseau social. Car, une fois le compte créé, il ne sert à rien s’il n’est pas connecté aux autres. Il faut donc ensuite trouver des utilisateurs à « suivre ». Il y a d’abord les ¬connaissances, qu’il faut retrouver par pseudo, nom ou à partir d’un compte mail. Cette utilisation a été la première à émerger sur Twitter, qui était, au moment de son lancement, avant tout un service de SMS communautaire où chacun partageait des petites phrases avec son entourage (d’où le « What are you doing ? » qui précède le champ de saisie). On peut aussi suivre certaines célébrités, comme le cinéaste David Lynch qui transmet chaque matin la météo de Los Angeles.
Un succès confirmé
La différence entre Twitter et un blog traditionnel réside dans le fait que Twitter n'appelle pas directement une participation à commenter les messages postés. Le principe de Twitter est de relater ce qu'on fait au moment où on écrit le message. Une des forces de Twitter est de proposer une interface de programmation ouverte et documentée. Elle permet de construire facilement des applications ou des services s'appuyant sur la plateforme Twitter. Twitter a été créé en 2006, mais sa popularité a explosé ces derniers mois. C’est une sorte d’extension du système SMS appliquée au Web. Ces messages sont ensuite lus par les gens qui ¬« suivent » l’utilisateur (un abonnement, en somme). Et ce dernier peut lire les messages des gens qu’il suit sur sa page. C’est tout. Et c’est cette simplicité érigée en principe qui a fait le succès de l’application. Un succès confirmé par la récente « injonction » faite par le gouvernement américain aux responsables du site de ne pas en suspendre le service durant les derniers événements survenus à Téhéran, suite aux résultats de l’élection présidentielle. Le Département d’Etat a admis être intervenu pour demander à la société Twitter de reporter une interruption technique prévue le 15 juin, afin de ne pas couper les communications entre manifestants iraniens anti-Ahmadinejad à un moment crucial : le jour de la plus grande manifestation d’après élections. Twitter a obéi. L’arrêt a été reporté de quelques heures, et les manifestants ont pu continuer d’échanger leurs informations.
Twitter est la nouvelle coqueluche des réseaux sociaux. Beaucoup plus difficile à couper que des sites Internet traditionnels. Il permet de s’échanger des liens vers des photos, des vidéos, ou des articles, accompagnés de légendes ultracourtes (140 signes au plus). Twitter a été d’autant plus abondamment utilisé par les opposants iraniens que le pouvoir a très vite interrompu les réseaux de téléphones portables, et a consigné dans leur chambre d’hôtel les envoyés spéciaux de la presse étrangère, à mesure que se développait la contestation du résultat de l’élection. Twitter a été créé à San Francisco au sein de la start-up Odeo Inc. fondée par Noah Glass et Evan Williams. Noah Glass commercialisait AudioBlogger, une application permettant de publier des fichiers audio sur un blog au moyen d'un téléphone. Evan Williams est connu pour être entre autres le co-fondateur de la société Pyra Labs qui est à l'origine de la plateforme de blogs Blogger, rachetée par Google en 2003. Odeo proposait une plate-forme d'hébergement, de diffusion et d'enregistrement de podcasts À côté de ce service de podcasts dont le marché est très concurrentiel, Jack Dorsey, dispatcheur pour une compagnie de taxis, et Noah Glass, ancien répartiteur au 911, numéro centralisé des urgences américaines sont chargés de développer un nouveau service L'idée de départ était de permettre aux utilisateurs de décrire ce qu'ils étaient en train de faire via SMS. Ouvert au public le 13 juillet 2006, la première version s'intitulait stat.us puis twittr, en référence au site de partage de photos Flickr puis Twitter, son nom actuel Le 25 octobre 2006, les actifs de la société Odeo ont été rachetés par Obvious Corp. Puis en avril 2007, une entité indépendante est crée avec comme nom Twitter, Inc. avec Jack Dorsey à sa tête jusqu'en octobre 2008 date à laquelle Evan Williams lui succédera. La société compte une cinquantaine d’employés, a remporté le prix 2007 South by Southwest Web Award dans la catégorie blog.
Le nombre d'utilisateurs de ce service varie selon les sources car la société ne communique pas le nombre de comptes actifs. En novembre 2008, Jeremiah Owyang de Forrester Research a estimé le nombre d'utilisateurs de Twitter entre 4 et 5 millions. En mai 2009, le cabinet Nielsen estimait à 18 millions le nombre de visiteurs en indiquant que « Twitter est le site de la catégorie des sites communautaires qui a connu la plus forte croissance au cours du mois de février ». Pew Research Center's Internet & American Life Project a publié une étude sur l'utilisation de Twitter aux Etats-Unis, selon laquelle « 11% des internautes adultes utiliseraient un service de microblogging, contre 9% en novembre et 6% en mai ». L'âge médian est de 31 ans. Les citadins sont surreprésentés (35% des utilisateurs de Twitter résident en ville, alors qu'ils ne représentent que 29% des internautes). 76% des utilisateurs de ce service utilisent des connexions Internet sans fil.
Année d’expérimentation, aux dires de ses fondateurs, 2009 semble consacrer la popularité du site qui rivalise avec les grands réseaux sociaux du statut de Facebook et autres. Biz Stone, 35 ans, un des cofondateurs de Twitter remet néanmoins les choses à leur juste proportion : «Avec Facebook, nous avons des zones de recouvrement, mais nous sommes de plus en plus complémentaires. Beaucoup de gens utilisent à la fois Facebook et Twitter. Twitter n'est pas un réseau social, mais un réseau de communication qui tisse des relations sociales.»
Focalisés sur la création
Il explique également que son site n’est pas un concurrent de Google dans la mesure ; dit-il où « Nous ne proposons pas un moteur de recherche qui couvre l'Internet, mais seulement Twitter. Nous restons focalisés sur la création, le partage et la recherche des tweets (messages). Nous n'allons pas nous lancer dans l'hébergement de vidéos. Nous continuons à privilégier une plate-forme ouverte qui favorise le développement d'un écosystème autour de Twitter. » En ce qui concerne les médias traditionnels, M. Stome parle de complémentarité : « Il est vrai que lors de certains événements, nous avons devancé les agences de presse. Nous sommes très bons pour les breaking news (informations urgentes). Mais nous n'avons ni la mise en perspective ni l'analyse journaliste. »
Même si le succès pointe à l’horizon, le site Twitter, fait face à l’épineuse problématique du modèle économique susceptible de lui assurer un fonctionnement pérenne. Ses responsables ont tout de même opposé un fin de non recevoir à une offre de rachat de 500 millions de dollars formulée par Facebook. « Nous n'étions pas été intéressés par cette offre. La société avait à peine deux ans. Nous voulons montrer que nous pouvons nous développer et gagner. Nous ne sommes encore qu'à 1 % ou 2 % de notre aventure » explique Biz Stone.
Après avoir, donc, refusé les 500 millions de dollars proposés par Facebook pour le racheter, Twitter cherche son business model. La nouvelle star du Net n'opterait pas directement pour la piste publicitaire mais espère plutôt convertir les entreprises en utilisateurs payant pour de nouveaux services.
Sur Internet, les audiences sont capitales. Sans elles, un site Web n'existe pas. Pourtant, elles ne suffisent pas à assurer, à elles seules, un business model. On en a la preuve depuis ces dernières années. Des sites comme YouTube, MySpace ou Facebook cherchent encore et toujours la méthode géniale qui leur permettra d'engranger les revenus en corrélation avec leurs impressionnantes audiences. Twitter, ce site de micro-blogging qui connaît un énorme succès ces derniers mois, fait face aux mêmes interrogations quant à ses revenus futurs. Le buz fonctionne pour ce site qui permet de signaler au monde entier ce que vous faite à un instant précis : toutes les stars s'y mettent, de même les hommes politiques ou les patrons. Certaines entreprises passent le cap et tentent de s'en servir, ce qui fonde les espoirs des dirigeants de Twitter.
«Des sociétés comme JetBlue, Comcast, Dell ou Whole Foods tirent avantage de Twitter» via des comptes gratuits, a déclaré Biz Stone. Du coup, plutôt que d'opter pour la piste publicitaire dans laquelle s'engouffrent la plupart des réseaux sociaux, Twitter réfléchit à tirer profit de cet usage promotionnel par les entreprises en développant un usage commercial. L'idée serait, par exemple, de «nouer des liens avec les grandes marques», qui sont nombreuses à utiliser cet outil pour communiquer avec leurs clients, et de «voir les services dont elles ont besoin». Cela pourrait déboucher sur des comptes payants «avec des fonctionnalités améliorées» et en proposant aux entreprises «des outils de mesures et des statistiques», a détaillé Biz Stone, tout en précisant que le service continuerait dans les autres cas à être gratuit. Le phénomène est assez récent pour pouvoir en prédire l’évolution, mais certains experts ne se privent cependant pas de se poser des questions sur la pertinence et la pérennité du procédé qu’ils estiment éphémère et non durable. Plusieurs études aux résultats proches montrent que malgré son audience exceptionnelle, Twitter reste flou pour ses utilisateurs, et encore peu adopté.
Récemment, des chiffres du bureau d’études Nielsen ont été cités, selon lesquels « 60% des nouveaux membres cessent d’utiliser le service dans le mois qui suit leur inscription. » L’affirmation a été critiquée dès sa publication pour sa méthodologie, avant d’être revue et confirmée par Nielsen qui assume totalement le résultat.
Le terme “marketing” très représenté
Début juin, l’école de commerce de Harvard publiait une étude intéressante sur le comportement des utilisateurs de Twitter. Etude qui inspira au site Techcrunch le titre « sur Twitter, la plupart des gens sont des moutons ». La raison de cette comparaison ovine ? A en croire les étudiants de Harvard, qui ont analysé 300000 microblogueurs, 80% des comptes sont suivis par moins de 10 followers (près d’un tiers n’ont d’ailleurs pas un seul follower), et les utilisateurs les plus actifs du service (10% de ses membres) sont responsables à eux seuls de 90% des tweets postés ! Certains observateurs y verront la confirmation des commentaires décrivant Twitter comme un média à part entière, avec la sempiternelle hiérarchie « rédacteur / lecteur », malgré l’ambition affichée de réseau social et communautaire. Plus de 80% des utilisateurs postent en moyenne...zéro tweet par jour Une nouvelle étude, que l’on doit cette fois-ci au cabinet Sysomos et basée sur l’analyse de 11,5 millions de comptes Twitter, tend à confirmer l’analyse de Harvard, et malmène à son tour plusieurs idées reçues sur ce service. Sysomos prouve avant tout que le service, bien que lancé en 2006, n’a vraiment décollé que très récemment : 72,5% du total des utilisateurs se sont inscrits au cours des cinq premiers mois de 2009. Les résultats abondent également dans le sens de Harvard quand on découvre que 10% des comptes Twitter sont responsables de 86% de l’activité totale du site, et que 21% d’entre eux n’ont jamais posté un seul tweet. Sans surprise, la horde de spécialistes du marketing social inscrits sur Facebook est plus productive que celle des utilisateurs modestes. Preuve de leur forte présence sur le réseau, le terme « marketing » est très représenté dans la capture qui recoupe les mots les plus utilisés dans les mini-biographies des utilisateurs Twitter. Pour paraphraser un expert averti, « on peut légitimement se demander si l’emballement autour de Twitter n’est finalement pas dû au fait que l’outil en question est particulièrement prisé des journalistes, blogueurs, et autres représentants divers du monde merveilleux de l’information et la communication ? ». La réponse viendra certainement ave le temps.
Source: El Moudjahid