Twitter : Simple gazouillis ou innovation majeure?

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Focalisés sur la création

Il explique également que son site n’est pas un concurrent de Google dans la mesure ; dit-il où  « Nous ne proposons pas un moteur de recherche qui couvre l'Internet, mais seulement Twitter. Nous restons focalisés sur la création, le partage et la recherche des tweets (messages). Nous n'allons pas nous lancer dans l'hébergement de vidéos. Nous continuons à privilégier une plate-forme ouverte qui favorise le développement d'un écosystème autour de Twitter. » En ce qui concerne les médias traditionnels, M. Stome parle de complémentarité : « Il est vrai que lors de certains événements, nous avons devancé les agences de presse. Nous sommes très bons pour les breaking news (informations urgentes). Mais nous n'avons ni la mise en perspective ni l'analyse journaliste. »

Même si le succès pointe à l’horizon, le site Twitter, fait face à l’épineuse problématique du modèle économique susceptible de lui assurer un fonctionnement pérenne. Ses responsables ont tout de même opposé un fin de non recevoir à une offre de rachat de 500 millions de dollars formulée par Facebook. « Nous n'étions pas été intéressés par cette offre. La société avait à peine deux ans. Nous voulons montrer que nous pouvons nous développer et gagner. Nous ne sommes encore qu'à 1 % ou 2 % de notre aventure » explique Biz Stone.

Après avoir, donc, refusé les 500 millions de dollars proposés par Facebook pour le racheter, Twitter cherche son business model. La nouvelle star du Net n'opterait pas directement pour la piste publicitaire mais espère plutôt convertir les entreprises en utilisateurs payant pour de nouveaux services.
Sur Internet, les audiences sont capitales. Sans elles, un site Web n'existe pas. Pourtant, elles ne suffisent pas à assurer, à elles seules, un business model. On en a la preuve depuis ces dernières années. Des sites comme YouTube, MySpace ou Facebook cherchent encore et toujours la méthode géniale qui leur permettra d'engranger les revenus en corrélation avec leurs impressionnantes audiences. Twitter, ce site de micro-blogging qui connaît un énorme succès ces derniers mois, fait face aux mêmes interrogations quant à ses revenus futurs. Le buz fonctionne pour ce site qui permet de signaler au monde entier ce que vous faite à un instant précis : toutes les stars s'y mettent, de même les hommes politiques ou les patrons. Certaines entreprises passent le cap et tentent de s'en servir, ce qui fonde les espoirs des dirigeants de Twitter.

«Des sociétés comme JetBlue, Comcast, Dell ou Whole Foods tirent avantage de Twitter» via des comptes gratuits, a déclaré Biz Stone. Du coup, plutôt que d'opter pour la piste publicitaire dans laquelle s'engouffrent la plupart des réseaux sociaux, Twitter réfléchit à tirer profit de cet usage promotionnel par les entreprises en développant un usage commercial. L'idée serait, par exemple, de «nouer des liens avec les grandes marques», qui sont nombreuses à utiliser cet outil pour communiquer avec leurs clients, et de «voir les services dont elles ont besoin». Cela pourrait déboucher sur des comptes payants «avec des fonctionnalités améliorées» et en proposant aux entreprises «des outils de mesures et des statistiques», a détaillé Biz Stone, tout en précisant que le service continuerait dans les autres cas à être gratuit. Le phénomène est assez récent pour pouvoir en prédire l’évolution, mais certains experts ne se privent cependant pas de se poser des questions sur la pertinence et la pérennité du procédé qu’ils estiment  éphémère et non durable. Plusieurs études aux résultats proches montrent que malgré son audience exceptionnelle, Twitter reste flou pour ses utilisateurs, et encore peu adopté.

Récemment,  des chiffres du bureau d’études Nielsen ont été cités,  selon lesquels « 60% des nouveaux membres cessent d’utiliser le service dans le mois qui suit leur inscription. » L’affirmation a été critiquée dès sa publication pour sa méthodologie, avant d’être revue et confirmée par Nielsen qui assume totalement le résultat.

Le terme “marketing” très représenté

Début juin, l’école de commerce de Harvard publiait une étude intéressante sur le comportement des utilisateurs de Twitter. Etude qui inspira au site Techcrunch le titre « sur Twitter, la plupart des gens sont des moutons ». La raison de cette comparaison ovine ? A en croire les étudiants de Harvard, qui ont analysé 300000 microblogueurs, 80% des comptes sont suivis par moins de 10 followers (près d’un tiers n’ont d’ailleurs pas un seul follower), et les utilisateurs les plus actifs du service (10% de ses membres) sont responsables à eux seuls de 90% des tweets postés ! Certains observateurs y verront la confirmation des commentaires décrivant Twitter comme un média à part entière, avec la sempiternelle hiérarchie « rédacteur / lecteur », malgré l’ambition affichée de réseau social et communautaire. Plus de 80% des utilisateurs postent en moyenne...zéro tweet par jour Une nouvelle étude, que l’on doit cette fois-ci au cabinet Sysomos et basée sur l’analyse de 11,5 millions de comptes Twitter, tend à confirmer l’analyse de Harvard, et malmène à son tour plusieurs idées reçues sur ce service. Sysomos prouve avant tout que le service, bien que lancé en 2006, n’a vraiment décollé que très récemment : 72,5% du total des utilisateurs se sont inscrits au cours des cinq premiers mois de 2009. Les résultats abondent également dans le sens de Harvard quand on découvre que 10% des comptes Twitter sont responsables de 86% de l’activité totale du site, et que 21% d’entre eux n’ont jamais posté un seul tweet. Sans surprise, la horde de spécialistes du marketing social inscrits sur Facebook est plus productive que celle des utilisateurs modestes. Preuve de leur forte présence sur le réseau, le terme « marketing » est très représenté dans la capture qui recoupe les mots les plus utilisés dans les mini-biographies des utilisateurs Twitter. Pour paraphraser un expert averti,  « on peut légitimement se demander si l’emballement autour de Twitter n’est finalement pas dû au fait que l’outil en question est particulièrement prisé des journalistes, blogueurs, et autres représentants divers du monde merveilleux de l’information et la communication ? ». La réponse viendra certainement ave le temps.

Source: El Moudjahid