Téléchargement illégal en Algérie: QUAND INTERNET DEVIENT SOURCE DE PIRATAGE

Numéro dossier: 63

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Le marché algérien des logiciels envahi par les contrefaçons


Le marché des logiciels est l’un des plus touchés par le piratage sur Internet. En Algérie, le phénomène est d’autant plus élevé: lors du sondage sur les usages des algériens en matière de nouvelles technologies, effectué par N’TIC en janvier dernier, 65% des internautes ont déclaré utiliser des copies de logiciels. 40% estiment que les logiciels originaux sont trop chers, tandis que 25% expliquent qu’il est difficile de trouver les versions originales sur le marché algérien. Microsoft, leader mondial des logiciels, est sans doute la société qui en pâtit le plus.

La firme américaine nous affirmait l’an dernier que 84% de ses logiciels vendus en Algérie étaient des copies. Pour enrayer le phénomène, Microsoft a commencé à mettre en vente de manière officielle son système d’exploitation (Windows) en Algérie et son logiciel de bureautique (Office) à des prix abordables. Plusieurs campagnes de sensibilisation ont également été mises en place par la société américaine, afin d’enrayer le phénomène.

Le problème du piratage a été également pris en considération par Kaspersky et Symantec, qui proposent depuis quelques années une version officielle de leur antivirus pour le marché algérien. Des initiatives qui ont permis de réduire le piratage de ces deux produits, en particulier dans les entreprises. L’antivirus de Symantec, Norton, était le logiciel le plus piraté dans les entreprises du monde entier en 2008, après les logiciels de bureautique et les systèmes d’exploitation. Néanmoins, il s’avèrera difficile de contrer la contrefaçon en Algérie, étant donné le prix dérisoire des copies, et leur présence massive sur le marché.

Les lois concernant le droit à la propriété intellectuelle existent en Algérie mais ne sont pas ou peu appliquées. Les consommateurs algériens sont également peu sensibilisés au phénomène, malgré les efforts de certaines sociétés, notamment Microsoft, dans ce domaine.

Piratage des applications, un phénomène de masse


Les smartphones ne sont pas épargnés par le piratage via Internet. Les applications payantes sont victimes de ce phénomène, notamment sur Android, qui est le système d’exploitation le plus répandu mais aussi le plus piraté.

Une étude, menée en septembre 2011 auprès de 75 développeurs d’applications sur l’Android de Google, a montré que ces derniers gagnaient moins que leurs confrères qui développent sur iOS. 27% des sociétés qui travaillent sur Android, considèrent que le piratage est un « grand problème », et plus de la moitié estiment que l’action de Google est insuffisante pour enrayer ce problème. Android avait lancé en juillet 2010 un nouveau système de protection des applications, le Market L icencing, lui-même déjoué par les hackers au bout d’un mois ! Les développeurs d’applications appelent depuis à la mise en place d’un programme de certification de l’Android Market, qui permettrait de vérifier si une application payante a été achetée ou pas, mais aussi pour éviter de proposer des applications contenant des spywares ou des malwares. De son côté, Google renvoie la balle aux développeurs, les appelant à renforcer la protection de base de leurs applications contre la copie.

Attention tout de même si vous téléchargez illégalement des applications payantes, car certaines d’entre elles peuvent contenir des spywares ou des malwares. Comme cette version de l’application « Walk and Text » disponible sur les réseaux P2P, qui contenait un malware des plus désagréables. Mais contrairement aux malwares classiques, qui compromettent la sécurité de votre mobile et vos données, celui-ci était destiné à humilier ceux qui avaient téléchargé cette version pirate de Walk and Text. Lorsque cette version est lancée, elle récolte les données de votre téléphone, afin d’envoyer cet SMS à tous vos contacts: « Hé, je viens juste de télécharger une application piratée depuis Internet: Walk and Text for Android. Je suis stupide et radin, elle ne coûte que 1$. Ne volez pas comme je l’ai fait! ». Pour terminer, un dernier message s’affiche: « Nous espérons vraiment que vous avez appris quelque chose de ceci. Vérifiez votre facture de téléphone. Oh et n’oubliez pas d’acheter l’application depuis le Market place ».

Sur iPhone, le jailbreak (ou déverrouillage) d’iOS permet de télécharger toutes les applications gratuitement, même les payantes et celles non disponibles sur l’Apple Store. Ce piratage prend parfois des proportions immenses, comme dans le cas du jeu FingerKicks, qui aurait été piraté à 93% selon ses développeurs ! Même la boutique en ligne d’applications Marketplace de Windows Phone a été piratée. Le piratage d’applications pour smartphones à de telles proportions fait craindre pour l’avenir de la création sur ces supports, d’autant que beaucoup d’applications sont réalisées par des passionnés, et proposées à des prix souvent dérisoires.

Le modèle économique que représente le paiement à l’achat des applications est amené à évoluer, et quelques alternatives existent déjà. Le financement par la publicité en est une, même si l’expérience de l’utilisateur peut en être dégradée. Il y a aussi le modèle lite/full: une version limitée d’une application est proposée gratuitement, tandis que la version complète est payante. Ou encore le contenu payant: il faut payer pour débloquer le niveau d’un jeu, une solution...

Des problématiques qui, certes, restent lointaines à l’utilisateur algérien, étant donné que le paiement en ligne n’existe pas encore en Algérie. Mais tôt ou tard, ce problème se posera afin de soutenir la production d’applications algériennes de qualité. (suite p.4)